samedi 15 mars 2014

Les deux mouvements de la vie chrétienne

Lire Timothée 1 : 8-10


« Car Dieu nous a sauvés, et il nous a donné une vocation sainte. » Ainsi Saint Paul résume-t-il la vie chrétienne.

D’abord, nous sommes sauvés. C’est-à-dire que nous découvrons l’amour que Dieu a pour nous. Voilà une découverte qui nous libère de la peur, de tous ces besoins qui nous poussent au mal. La vie se présente alors non pas comme une épreuve à réussir mais comme un cadeau à ouvrir.

Ensuite, nous sommes envoyés. C’est-à-dire que nous découvrons la mission que Dieu a pour nous, la collaboration qu’il nous offre dans la réalisation de son plan d’amour. Ce n’est pas assez que nous soyons les sujets passifs de son amour, Dieu veut que nous devenions des joueurs actifs, engagés avec lui dans la venue de son Royaume de justice, de paix et de joie.

Notons bien : la vocation jaillit du salut, et non vice versa. Ce n’est pas parce que nous nous engageons à la suite du Christ que nous sommes sauvés : c’est parce que nous sommes sauvés que nous nous engageons à sa suite. Par exemple, je ne vais pas à la messe le dimanche « afin que » Dieu m’aime ; plutôt, je vais à la messe le dimanche « parce que » Dieu m’aime. Toute la beauté de la vie chrétienne se trouve dans ce petit revirement de perspective. Tout son défi également.

Dans les Églises catholiques, orthodoxes et anglicanes on retrouve trois sacrements d’initiation : le baptême, la confirmation et l’eucharistie.

Le baptême, c’est le sacrement du salut. C’est le rituel sacré par lequel nous sommes plongés dans la mort avec le Christ afin de vivre avec lui pour l’éternité. Nous devenons frères et sœurs de Jésus, enfants d’un même Père. Nos cœurs sont ouverts à son amour.

La confirmation, c’est le sacrement de la vocation. C’est le rituel sacré par lequel nous sommes oints de l’Esprit, envoyés avec le Christ porter au monde la Bonne Nouvelle par nous faisons, par ce que nous disons, par ce que nous sommes.

L’Eucharistie reprend ces deux mouvements en nous rassemblant pour goûter à l’amour de Dieu et en nous envoyant porter cet amour au monde. C’est pourquoi nous disons de ce sacrement qu’il est la source et le sommet de la vie et de la mission de l’Église.


Pour rester vivant, il faut respirer. Pour respirer, il faut faire entrer l’air dans nos poumons et ensuite le renvoyer dans l’espace. Les deux mouvements sont essentiels. Ainsi en est-il de la vie chrétienne : il faut accueillir en nos cœurs l’amour de Dieu et ensuite le renvoyer dans le monde. À tous les sept jours, la messe du dimanche nous donne l’occasion de respirer profondément, de redécouvrir que « Dieu nous a sauvés » et qu’il « nous a donné une vocation sainte. »

samedi 8 mars 2014

Un combat cosmique

Lire Romains 5, 12-19


Ce premier dimanche du carême nous présente un des textes les plus denses de saint Paul. Dans ce passage de la lettre au Romains, il nous dresse un tableau du conflit cosmique entre le bien et le mal, Jésus représentant les forces du bien et Adam, celles du mal.

Ça me fait penser à la série de films La guerre des étoiles où l’on représente l’univers soutenu par une « force » qui possède un aspect lumineux et un aspect ténébreux. Le protagoniste du film, Luke Skywalker, doit éviter de se laisser séduire par l’aspect ténébreux comme l’a été son père, Darth Vader. Il doit choisir entre ces deux aspects de la force universelle.

On pourrait comparer cette image d’une « force » dans La guerre des étoiles à la compréhension chrétienne de Dieu. Car, tout comme la « force » dans le film, le Dieu de Jésus-Christ soutient l’univers entier. Le cosmos jaillit de la toute-puissance de Dieu. Mais il y a deux différences fondamentales entre la « force » de ces films fictifs et la réalité de Dieu. D’abord, Dieu n’est pas une « force » impersonnelle, mais une puissance amoureuse, une présence compatissante. Et – ce qui est tout aussi important – il n’y a aucun aspect ténébreux dans le Dieu qui soutient l’univers. Pour Paul, Dieu n’est que lumière, compassion et amour. C’est en se détournant de Dieu et en se coupant de cette puissance amoureuse que l’on plonge dans les ténèbres et dans la mort.

C’est ce qu’a fait Adam dans l’histoire qui ouvre la Bible. En se détournant de Dieu, il s’est plongé dans les ténèbres avec toute sa descendance. Car il a inauguré un cycle de violence qui, depuis ce temps, caractérise l’histoire humaine, histoire dans laquelle nous sommes tous engagés dès notre naissance. Son refus de Dieu englobe et représente tous les refus qui suivront, les nôtres inclus.

Mais face à ces refus se dressent l’amour et la miséricorde inépuisables de Celui qui tient l’univers dans ces mains. Dieu envoie son Fils mettre fin au cycle de violence inauguré par Adam. Et cette violence, ce mal qui tisse sa toile sombre dans l’histoire humaine ne peut tenir dans la présence lumineuse du Christ. Comme le dit saint Paul, « le don gratuit de Dieu et la faute n’ont pas la même mesure. » En effet, le don de Dieu dépasse la faute, la pardonne, l’efface, lui enlève tout son pouvoir néfaste.


Il s’agit pour nous de choisir avec qui nous nous tiendrons : avec Adam, notre grand-père fier, rebelle et pécheur, ou avec Jésus, notre grand frère obéissant, fidèle et plein d’amour. À la différence de Luke Skywalker, nous ne sommes pas abandonnés à nous-mêmes dans ce choix. Dieu lui-même vient à notre secours : il nous donne son Esprit, sa puissance qui nous permet enfin de choisir la vie. Ouvrons donc notre cœur durant ce carême, accueillons l’Esprit de Dieu, choisissons la vie avec Jésus. Voilà ma prière pour nous tous en ce début de carême.