mercredi 21 mars 2012

L'obéissance, chemin d'amour

Lire Hébreux 5, 7-9

Quand j’étais enfant, je pensais pouvoir négocier avec Dieu. « Seigneur, si je vais à la messe tous les jours cette semaine, fais que mon père me donne une bicyclette. » Ou encore : « Seigneur, si je ne mange pas de bonbon durant le carême, fais que je passe tous mes tests. » Pour un enfant, c’est normal. L'enfant projette sur Dieu sa façon de vivre les relations humaines. Pour lui, la récompense est une fonction d’un comportement acceptable. Il entend : « Mange tous tes pois verts, et tu auras du dessert. » Ou encore : « Partage ton jouet avec ton frère et tu pourras aller au cinéma cet après-midi. » Pour un enfant, obéir est la condition nécessaire à la récompense qu’il espère. On ne doit pas s'attendre à plus d'un enfant.

Le problème surgit lorsqu’on transpose cette attitude enfantine dans notre vie spirituelle. Une telle approche immature fait fausser le sens du texte d’aujourd’hui. On y lit : « Le Christ, parce qu’il s’est soumis en tout, a été exaucé. » Et on s’imagine que Jésus aurait négocié avec son Père : « Si j’accepte de souffrir, alors tu me ressusciteras, non? » On s'imagine que Jésus aurait reçu sa récompense parce qu’il avait fait ce qu’on son Père voulait. Mais on n’aurait rien compris.

Car pour Jésus, se soumettre et obéir n’est pas simplement accepter de faire ce que veut son Père afin de se mériter une récompense. Il s'agit d'une réalité autrement plus profonde que cela. De fait, Jésus désire vivre en parfaite union de pensée et de volonté avec son Père. Il accepte de mourir à lui-même et à ses propres idées pour embrasser totalement le plan de son Père et le réaliser avec tout son être. Jésus ne cherche pas de récompense, il cherche à aimer. Et n'est-ce pas cela, l'amour : chercher à vivre parfaitement uni à l'autre?

Voilà pourquoi, dans un autre passage, l’auteur de la lettre aux Hébreux ne dit pas seulement que Jésus « a offert sa prière et sa supplication à Dieu », il affirme que Jésus « s’est offert lui-même ». Ce don qui va jusqu’à la mort exprime l’union parfaite entre le Père et le Fils dans l’Esprit. Voilà la source de la « perfection » de Jésus dont parle l'auteur.

Après avoir ainsi médité sur ce don total du Christ, l’auteur nous invite à faire de même. À notre tour, nous devons apprendre à obéir au Fils, non pas comme un enfant qui obéit de l’extérieur afin d’avoir une récompense, mais comme un adulte qui cherche à s’unir à la volonté de celui qu’il aime. Voilà la source du salut, « la cause du salut éternel » : mourir à soi-même afin de s’unir parfaitement à la Vie.

Plus de place alors pour la négociation, seulement pour le don généreux et l’amour inconditionnel. Voilà ce que nous apprend la Croix du Christ. Voilà ce que nous devons vivre chaque jour.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire