jeudi 11 octobre 2018

Synode sur les jeunes IV - Un synode sur l'Église?


Aujourd’hui à Gatineau, fête de la sainte patronne de notre archidiocèse, Marie, Mère de l’Église. Nous en profitons pour lancer un grand processus synodal diocésain intitulé : « Le Christ, nous, nos communautés, nos milieux ».

Une surabondance de travail au bureau et le désir de passer quelques jours de répit avec ma famille durant le long weekend de l’Action de grâce m’ont fait délaisser ma série de commentaires sur le synode des évêques en cours à Rome. Mais je me reprends aujourd’hui avec une réflexion sur le discours inaugural du pape François le premier jour du synode.

Dans mon dernier commentaire, j’ai souligné quelques phrases tirées de ce discours. Avec le vaticaniste italien Alberto Bobbio, je note que ces propos orientent la rencontre des évêques d’une façon assez originale, au point de transformer ce synode sur les jeunes en synode sur l’Église. La question est moins « Comment ramener les jeunes à l’Église? » que « Comment l’Église peut-elle aller vers les jeunes? » Il me semble bien que ce soit cette deuxième question que nous devions nous poser dans nos diocèses et nos paroisses du Québec.

Le pape identifie un problème fondamental : l’Église refuse de se mettre en question et s’étonne qu’elle ne rejoigne pas le monde. Il propose aussi une piste de solution : écouter le monde, non pas pour « se moderniser » ou pour « s’adapter », mais pour savoir lire les signes des temps, découvrir les aspirations profondes des gens et apprendre le langage qui pourra leur révéler que l’Évangile peut être source de joie et d’espérance pour eux.

Le synode des évêques doit donc se transformer d’événement isolé en démarche permanente, marqué par une double circularité. D’abord, il faut passer de l’écoute au discernement à l’action, pour enfin retourner à l’écoute. Simultanément, il faut passer du Peuple de Dieu au collège des évêques à l’évêque de Rome, pour enfin retourner au Peuple de Dieu.

Ces propos s’appliquent bien à notre démarche synodale diocésaine. Je suis heureux que dans la première phase, qui s’ouvre aujourd’hui et s’étendra jusqu’à Noël, nous ayons prévu des rencontres paroissiales où les prêtres et leurs délégués seront invités à écouter les fidèles parler de leur expérience en paroisse; ensuite, j’irai écouter les prêtres et les délégués me dire ce qu’ils ont appris; enfin, à partir de cette réflexion, je relancerai une deuxième étape où nous pourrons ensemble nous arrêter aux défis majeurs qui auront été identifiés dans cette première étape.

Le pape François affirme que le synode des évêques doit être un « modèle » de synodalité pour l’Église entière. Nous essaierons dans notre diocèse d’imiter ce modèle durant les quinze mois que durera notre processus synodal. Priez pour nous!

mercredi 3 octobre 2018

Synode sur les jeunes III - La parole est à François

Aujourd'hui, le pape François a inauguré le synode des évêques sur "Les jeunes, la foi et le discernement des vocations" par la célébration de l'Eucharistie sur la place St-Pierre. Ensuite, il s'est retrouvé dans la salle du synode où il a présenté sa vision dans un remarquable discours d'ouverture. Mon commentaire aujourd'hui se résume à la présentation de quelques phrases tirées de ce discours centré sur la synodalité.


- Le Synode que nous allons vivre est un moment de partage. Je désire donc, au début du parcours de l’Assemblée synodale, vous inviter tous à parler avec courage et franchise, c’est-à-dire en intégrant liberté, vérité et charité. Seul le dialogue peut nous faire grandir.

- Au courage de parler doit correspondre l’humilité de l’écoute…C’est cette écoute qui ouvre l’espace au dialogue.

- Le Synode doit être un exercice de dialogue, d’abord entre ceux qui y participent. Et le premier fruit de ce dialogue est que chacun s’ouvre à la nouveauté, à la modification de sa propre opinion grâce à ce qu’il a entendu des autres.

- Sentons-nous libres d’accueillir et de comprendre les autres et donc, de changer nos convictions et nos positions : c’est un signe de grande maturité humaine et spirituelle.

- Le Synode est un exercice ecclésial de discernement… Le discernement n’est pas un slogan publicitaire, ni une technique d’organisation, ni même une mode de ce pontificat, mais une attitude intérieure qui s’enracine dans un acte de foi.

- Le discernement est la méthode et en même temps l’objectif que nous nous proposons : il se fonde sur la conviction que Dieu est à l’œuvre dans l’histoire du monde, dans les évènements de la vie, dans les personnes que je rencontre et qui me parlent.

- Le discernement a besoin d’espace et de temps. Cette attention à l’intériorité est la clef pour réaliser le chemin de la reconnaissance, de l’interprétation et du choix.

- Ce Synode a l’opportunité, la tâche et le devoir d’être signe de l’Église qui se met vraiment à l’écoute, qui se laisse interpeller par les requêtes de ceux qu’elle rencontre, qui n’a pas toujours une réponse préemballée déjà prête.

- Il faut donc, d’une part, vaincre résolument la plaie du cléricalisme… Celui-ci naît d’une vision élitiste et exclusive de la vocation qui interprète le ministère reçu comme un pouvoir à exercer plutôt que comme un service gratuit et généreux à offrir. Et cela conduit à croire appartenir à un groupe qui possède toute les réponses et qui n’a plus besoin d’écouter et d’apprendre quoique ce soit.

- Le cléricalisme est une perversion et est la racine de nombreux maux dans l’Eglise : nous devons en demander humblement pardon et surtout créer les conditions pour qu’ils ne se répètent pas.

- Que le Synode réveille nos cœurs ! Le présent, y compris celui de l’Eglise, apparaît chargé d’ennuis, de problèmes, de fardeaux. Mais la foi nous dit qu’il est aussi le moment où le Seigneur vient à notre rencontre pour nous aimer et nous appeler à la plénitude de la vie.

lundi 1 octobre 2018

Synode sur les jeunes II - L'importance de l'étape préparatoire


Hier, j’ai évoqué le défi d’une synodalité efficace et ressentie dans l’Église, une synodalité qui permettrait à tous les membres de s’écouter mutuellement afin de discerner ensemble les chemins que nous trace l’Esprit. Évidemment, dans cet exercice de discernement, les évêques et le pape ont un rôle particulier à jouer : celui d’assurer que ce discernement est toujours fidèle à l’Évangile et à la Tradition vivante qui l’interprète et l’actualise au fil des siècles.

C’est dans cette perspective que le pape François vient de renouveler la législation entourant le synode des évêques, ainsi que son règlement (qui a été publié ce matin). Il s’agit vraiment d’un renouvellement dans la continuité : le pape n’a pas tout chambranlé, mais il a ajusté des aspects de la démarche afin de libérer la dynamique d’écoute mutuelle et de discernement collectif qui devrait caractériser tout processus synodal.

Pour ce faire, il a développé plus amplement le cadre entourant la consultation préparatoire au synode. Dans le passé, cette consultation visait d’abord les évêques du monde qu’on invitait à donner leur avis sur le thème retenu. Il s’agissait surtout d’une démarche « épiscopale » qui s’ouvrait en théorie sur une consultation plus vaste, mais qui, concrètement, restait une affaire d’évêques.

Dorénavant, le synode s’insère dans une longue démarche de réflexion, de prise de parole et d’écoute par tout le peuple de Dieu. On en avait une première expérience lors de l’assemblée extraordinaire du synode de 2014 sur le mariage et la famille. Cette fois-ci, la méthode étant un peu plus rodée, la consultation s’est avérée encore plus dynamique et plus riche.

Un questionnaire en ligne a permis à des milliers de jeunes gens de dire ce qu’ils vivent et d’exprimer leur opinion sur l’Église.
  • Dans les diocèses, les évêques se sont mis à l’écoute des jeunes. Moi-même, j’ai participé à une belle rencontre où j’ai pu entendre des étudiants et étudiantes, des jeunes travailleuses et travailleurs partager leurs anxiétés, leurs espérances et leur soif de Dieu.
  • Les évêques du Québec ont organisé un mini-forum de 48 heures avec des jeunes représentant l’ensemble du territoire.
  • À Rome, un grand colloque présynodal a rassemblé des jeunes du monde entier et a permis de mettre au point un document qui inspire largement l’instrument de travail du présent synode.

Les assises qui s’ouvriront mercredi à Rome ne commencent donc pas à zéro. Un immense travail de consultation et de réflexion les a précédées.

De même à l’archidiocèse de Gatineau, le conseil diocésain de pastorale a voulu qu’une vaste consultation nous permette de brosser le portrait de notre réalité paroissiale et communautaire, d’exprimer les espoirs et les craintes qui nous habitent et de proposer les questions fondamentales à étudier. Nous aussi, nous mettrons un questionnaire en ligne (à partir du 11 octobre) afin que chacun, chacune puisse donner son point de vue. Des groupes-témoins seront organisés afin d’entendre la voix de celles et ceux qui risquent de ne pas être entendus. Des rencontres seront organisées dans toutes les paroisses en octobre et en novembre pour recueillir les convictions et les questions de l’ensemble des fidèles.

Synode des évêques à Rome… processus synodal diocésain à Gatineau… autant de signes que l’Église s’ouvre à l’Esprit qui parle dans les communautés et dans le cœur de tous les baptisés.