dimanche 14 juillet 2013

Seigneur, Sauveur

Lire Colossiens 1, 15-20

Les spécialistes de la Bible croient que le texte qui nous est proposé aujourd'hui n'est pas de la plume de Saint Paul: il s'agirait plutôt d'une hymne déjà connue à Colosses (ville près d'Éphèse en Turquie) que Paul cite pour en développer les arguments et les conséquences. Si tel est le cas, cette hymne au Christ est l'une des plus anciennes qui nous ait été préservée, remontant pratiquement à la naissance de l'Église.

Elle se décline en deux strophes. La première évoque le rôle du Christ depuis toute éternité alors qu'il participe à l'oeuvre créatrice de Dieu le Père; la seconde célèbre le rôle du Christ dans l'histoire alors qu'il ressuscite d'entre les morts, portant ainsi à son achèvement l'oeuvre de réconciliation du Père.

Dans l'évolution de la conscience religieuse d'Israël, Yahvé est d'abord apparu comme le libérateur, le rédempteur qui a sauvé son peuple de l'esclavage en Égypte. Ce n'est que plusieurs siècles plus tard qu'on a compris que Yahvé était également à l'origine du monde, qu'il était créateur de l'univers. (Le récit de la création dans le livre de la Genèse a été rédigé au 9e siècle avant Jésus-Christ, alors que l'Exode avait eu lieu trois siècles plus tôt.)

Ainsi en a-t-il été face pour les premiers chrétiens face au Christ. On a d'abord compris que sa croix et sa résurrection accomplissaient la libération définitive de l'humanité, alors qu'il surmontait le mal et la mort une fois pour toutes. Lentement a-t-on compris qu'il était aussi lié l'acte créateur du Père avant tous les siècles, en dehors du temps.

L'hymne aux Colossiens est le fruit de cette prise de conscience. Le Christ nous est présenté intimement associé à l'oeuvre du Père. Il participe à la création, "car en lui tout a été créé". Même plus: tout a été créé "pour lui", c'est-à-dire, en vue du Christ. Car il incarne la perfection même de la création. Il manifeste l'étape ultime de l'évolution humaine, ce vers quoi tend tout l'univers. Les évêques rassemblés au Concile Vatican II il y a cinquante ans l'ont exprimé ainsi: "Le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation." (Gaudium et spes, no 22)



L'hymne continue: non seulement le Christ participe-t-il à l'acte créateur du Père, il joue un rôle central dans le plan salvifique du Père. Car Dieu veut que la création surmonte la blessure causée par le péché des humains. Et le Christ, en qui habite "toute plénitude", vient réconcilier toutes choses par sa mort et sa résurrection: il a "établi la paix par le sang de sa croix".

À ces deux rôles du Christ correspondent deux titres: "Seigneur de l'univers" et "Sauveur de l'humanité". Il est le modèle parfait de l'humanité, auquel je tends de tout mon être. Le plus je lui ressemble, le plus je deviens tout ce que je suis appelé à être. Ainsi chantaient nos grands-parents: "Ô Jésus, doux et humble de coeur, rendez mon coeur semblable au vôtre." 

Mais le Christ est aussi celui qui me relève de mes erreurs et de mes fautes: il me libère de ce qui m'empêche de devenir tout ce que je suis appelé à être. C'est pourquoi nos grands-parents ajoutaient: "Ô Jésus, doux et humble de coeur, brûlez mon coeur au feu du vôtre." 

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