vendredi 20 mai 2011

Comme une pierre dans une cathédrale

Une méditation sur la deuxième lecture du 5e dimanche de Pâques, Anneé A:

I Pierre 2, 4-9

J’aime bien la fable d’Antoine de St-Exupéry, Le petit prince. J’aime encore mieux son recueil de méditations intitulé Citadelle. Parmi les nombreuses images qui provoquent et nourrissent la réflexion, une m’a toujours parlé d’une façon particulière.

Il s’agit d’un contraste que St-Ex développe entre un champ de pierres et une cathédrale. Les deux contiennent le même ingrédient principal : des roches. Mais il fait remarquer une différence fondamentale entre les deux. Si une bonne nuit quelqu’un passait près du champ de pierres et volait une des roches, c’est presque certain que personne ne s’en rendrait compte le lendemain matin. Alors que, si la même personne se décidait de détacher une roche dans le mur d’une cathédrale, il est presque aussi certain que la nouvelle ferait le tour de la ville dans les vingt-quatre heures : « M. le curé, il manque une roche dans le mur de la cathédrale! »

Pourquoi la roche prise dans le mur a-t-elle plus de valeur que la roche gisant dans le champ? St-Exupéry répond que, dans un champ, une roche n’est qu’une roche ; alors que, prise dans le mur d’une cathédrale, elle fait partie de quelque chose de plus grand qu’elle. Elle n’est plus qu’une simple roche. Elle prend une importance insoupçonnée parce qu’elle fait partie d’un édifice d’une une valeur extraordinaire. La roche est plus qu’une roche, elle est cathédrale!

N’en est-il pas de même pour nous, humains? Réduits à notre pure individualité, repliés sur nous-mêmes, isolés et privés de relations, nous nous coupons de ce qui seul peut révéler toute notre valeur : notre appartenance à la communauté humaine. Mais quelle valeur extraordinaire se révèle lorsque nous appartenons non seulement à une communauté humaine, mais à une communauté fondée sur Dieu, soutenue par Dieu!

Voilà l’appel que Pierre nous lance aujourd’hui, au-delà des siècles. « Soyez des pierres vivantes, construisez le temple spirituel, dont le Christ est la pierre d’angle. » Une pierre d’angle, c’est la pierre qui possède un angle carré parfait, à 90.00 degrés : on peut aligner les murs sur elle sans avoir peur de se tromper. De même, nous pouvons aligner la vie de notre communauté chrétienne sur le Christ, sans avoir peur de nous tromper.

La communauté chrétienne est faible lorsque les liens entre les personnes qui la forment sont faibles ; elle est instable lorsqu’elle oublie son fondateur ; elle est pécheresse, lorsqu’elle ne s’aligne plus sur le Christ, sa pierre d’angle. Mais lorsqu’elle tisse des liens d’amour entre les hommes et les femmes qui lui appartiennent, lorsqu’elle vit de la Parole de Dieu, lorsqu’elle avance au souffle de son Esprit, alors elle devient vraiment « une race choisi, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple qui appartient à Dieu. » Alors, elle peut vraiment annoncer « les merveilles de Celui qui l’a appelée des ténèbres à son admirable lumière. »

Ne restons donc pas isolés les uns des autres, repliés dans notre indifférence comme des roches jonchées ça et là dans un champ de pierres. Donnons-nous la main, soyons d’un même cœur, et, fondés sur Jésus-Christ, bâtissons la cathédrale de demain, la demeure de Dieu au cœur du monde.

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