jeudi 5 mai 2011

La paroisse comme une tente

Une méditation sur la deuxième lecture du 3e dimanche de Pâques, Année A:

I Pierre 1, 17-21.


Le mot “paroisse” évoque l’idée d’une communauté particulière, d’un corps de croyants bien-identifié. De fait, dans l’Église catholique, la définition technique de la paroisse se lit : « Une communauté particulière des fidèles du Christ établie de façon stable… dont le soin pastoral est confié à un curé comme à son pasteur propre. » Cette qualité de stabilité est d’autant plus évidente quand on imagine l’église paroissiale : souvent immense et lourde dans son architecture, elle nous parle de solidité, d’immutabilité, de permanence.

Pourtant, il se cache ici une ironie particulièrement mordante. Le mot ‘paroisse’ nous vient d’un mot grec que l’on retrouve dans le Nouveau testament, ‘paroikia.’ Et que veut dire ce mot? Il est composé de deux mots plus petits : ‘para’ voulant dire ‘à côté’; et ‘oikos’ voulant dire ‘maison.’ Au sens littéral, ‘paroikia’ veut donc dire ‘quelqu’un dont la demeure est ailleurs.’

Voilà le mot dont Pierre se sert dans la lecture d’aujourd’hui pour décrire la vie chrétienne. Diverses versions de la Bible traduisent l’expression par séjour, exil, passage, l’état d’être étranger. Ces diverses traductions nous font comprendre que la vie chrétienne n’est pas du tout fixe ou stable, mais qu’elle est transitoire, temporaire, fugitive. Le but ultime de la vie n’est pas ici, il est ailleurs.

Voilà pourquoi Pierre nous invite à ne pas mettre notre confiance dans les réalités de ce monde. « L’or et l’argent » représentent pour lui tout ce qui est attirant et fascinant dans ce monde, mais en fin de compte vide et insignifiant. Si nos vies sont axées seulement sur ces réalités, nous allons manquer le but même de la vie.

Pierre nous suggère que la vraie liberté se trouve dans la prise de conscience du vrai sens de la vie. La liberté surgit lorsque nous acceptons que nous ne sommes que des voyageurs sur cette terre, que notre vraie demeure est ailleurs. C’est alors que nous pouvons être vraiment libres.

Cette prise de conscience ne nous fait pas rejeter les réalités de notre monde. Elles ne sont pas mauvaises, elles ne sont que passagères. Nos cœurs doivent s’établir fermement là où le sens et la valeur sont permanents: la vie éternelle dans l’amour de Dieu. Ce qui nous rassure c’est de savoir que rien de cette terre qui participe à cet amour ne sera perdu. Nous le retrouverons dans l’éternité, purifié et transformé.

Peut-être nos églises paroissiales devraient-elles ressemblées à des tentes pour nous rappeler que le sens original du mot ‘paroisse,’ car nous sommes des voyageurs, des pèlerins. Nous ne cheminons pas seuls. Notre pèlerinage rassemble de nombreux frères et sœurs. Nous voyageons avec le Christ, dont la résurrection nous rappelle notre objectif final, notre but ultime, notre demeure véritable.

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