mercredi 9 mai 2012

Sentiments ou convictions?


Lire 1 Jean 4, 7-10

Quelqu’un m’a récemment envoyé une question au sujet de l’amour inconditionnel de Dieu pour les humains: « Quand quelqu’un commence à parler de cela, je ne fais qu’hocher de la tête, parce que je ne veux pas partir de discussion. Mais je ne ressens pas cet amour divin dont les gens parlent. Je ne sais pas à quoi cela peut ressembler. Ça ne sert à rien de le comparer à l’amour familial, puisque je n’ai pas connu beaucoup d’amour comme enfant. Dans le fond, mon problème, c’est que l’idée de l’amour de Dieu ne provoque aucune émotion en moi. »

Peut-être mon amie croit-elle intellectuellement dans l’amour inconditionnel de Dieu, mais elle est frustrée de ne pas ressentir cet amour dans sa vie. Cela entraîne une question qui me semble essentielle: la foi, est-elle fondée sur des émotions, ou sur des convictions?

J’essaie de m’expliquer. Il m’arrive assez souvent de choisir d’agir d’une certaine façon non pas parce que ça me tente ou que j’en ai l’envie, mais parce que je suis convaincu que je dois agir ainsi. Les parents le rappellent souvent à leurs enfants : « Tu ne peux pas toujours faire ce que t’as le goût de faire! »

Qu’est-ce qui nous convainc lorsqu’on ne ressent rien? Parfois, ce sera une réflexion intellectuelle. Parfois, une saisie intuitive à laquelle nous nous fions. Parfois, une requête qu’on ne peut refuser. Parfois, une valeur qui nous tient à cœur. Il y a bien des raisons qui peuvent nous convaincre d’agir d’une certaine façon, même lorsque nos sentiments ou nos émotions nous poussent au contraire. De fait, on devrait se réjouir qu’il en soit ainsi. Si je décidais toujours en fonction de mes émotions, je créerais un chaos autour de moi, car mes émotions tournent comme une girouette : un jour, j’ai le goût de faire quelque chose; le lendemain, la même chose m’ennuie profondément.

C’est pourquoi nos croyances profondes ne peuvent pas être fondées sur des émotions ou des sentiments, mais sur des convictions. Je crois en l’amour inconditionnel de Dieu, non parce que j’ai ressenti cet amour-là, mais parce que j’en suis convaincu. Ce qui me convainc, c’est l’histoire de Jésus, l’enseignement des Écritures, la vie des saints, les écrits des sages de notre tradition… Tout cela me convainc de l’amour inconditionnel de Dieu, que je le ressente ou non. C’est pourquoi je me fie à cet amour, j’agis selon la dynamique de cet amour, même si je ne le ressens pas.

Dans les fictions romantiques, les sentiments mènent aux convictions. On commence par « tomber dans les pommes, » ensuite on se met à agir en fonction de l’amour qui grandirait pour l’autre. Dans la vie chrétienne, c’est un peu le contraire : mes convictions font naître mes sentiments. Saint Jean l’affirme : « Dieu est amour… Et voici l’amour : non pas que nous avons aimé Dieu d’abord, mais que lui nous a aimés et a envoyé son Fils pour être le sacrifice d’expiation pour nos péchés. » En devenant convaincus de l’amour de Dieu pour nous, nous grandissons dans notre amour pour Dieu, dans notre amour pour tous ceux qui cheminent avec nous. La conviction que Dieu m’aime fait grandir en moi mon amour pour Dieu.

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