vendredi 10 mai 2013

Un défi d'interprétation qui en vaut la peine


Lire Hébreux 9, 24-28; 10, 19-23

            Habituellement, les lectures prescrites pour la liturgie catholique sont continues, mais pas en ce dimanche de l'Ascension. Nous commençons par la fin du chapitre 9 de la lettre aux Hébreux pour ensuite sauter les dix-huit premiers versets du chapitre 10 et reprendre au verset 19, finissant au verset 23. Essayons de comprend ces deux blocs de texte.

            Dans le premier, l'auteur s'applique à une interprétation particulière de la passion, de la résurrection et de l'ascension du Christ à la lumière du culte juif au Temple de Jérusalem. Il s'agit là d'une lecture originale, très créative, qui cherche à comprendre le sens du mystère pascal en tant qu'accomplissement des rites de l'Ancien Testament. L'auteur compare Jésus au grand-prêtre qui, une fois l'an, au Grand Jour du Pardon ("Yom Kipour"), se rendait dans l'espace le plus sacré du Temple, le "saint des saints" , isolé du reste du Temple par un voile. Là, il aspergeait le sol avec le sang d'un taureau qu'il avait offert en sacrifice pour lui-même, ainsi que le sang d'un bouc qu'il avait offert pour tout le peuple. Il revenait alors vers le peuple à l'extérieur du Temple pour réciter la prière du Grand Pardon.

            De fait, le rituel est beaucoup plus compliqué, mais cette esquisse nous suffit pour comprendre les propos de l'auteur. Celui-ci suggère que par son mystère pascal, le Christ est entré dans le vrai "saint des saints" , c'est-à-dire le ciel, en présence de Dieu le Père. Ainsi, le sacrifice de sa propre vie prend une valeur éternelle que les sacrifices annuels du grand-prêtre ne pouvaient avoir. Et le sacrifice du Christ,  détruisant la puissance du péché à tout jamais, devient la source perpétuelle du pardon pour tout le Peuple de Dieu. Lorsqu'à la fin des temps Jésus "sortira" de ce sanctuaire pour revenir vers nous, ce ne sera pas dans le but d'intercéder pour notre pardon, mais afin de manifester la gloire du salut qu'il nous a déjà acquis.


            Le deuxième bloc de notre lecture en tire les conséquences: avec le Christ, comme lui, nous pouvons accéder au "saint des saints" , en présence de Dieu. Le voile de son humanité, le Christ l'a "déchirée" dans sa résurrection: l'humanité transformée par la puissance de l'Esprit n'est plus un obstacle, mais un chemin vers Dieu. Déjà par le baptême, cette "eau pure" qui a lavé notre corps, nous vivons d'une vie nouvelle: vie de foi, de pardon et d'espérance.

            Ce texte nous présente sans doute de nombreuses difficultés à cause des références à une liturgie juive qui n'existe plus. Il n'en est pas moins une invitation qui parle encore aujourd'hui, une invitation au courage et à la joie, même au coeur des épreuves. Avec Jésus, nous avons accès au Père. Grâce à Jésus, son pardon nous est assuré. En Jésus, nous avons pleine assurance, "car il est fidèle, celui qui a promis".

            L'auteur de la lettre des Hébreux nous invite donc à voir l'ascension du Christ, non pas comme une "séparation", mais comme une étape de notre propre transformation. Jésus nous entraîne déjà avec lui, au-delà des apparences, dans le "saint des saints" . Notre vie est déjà habitée par la présence divine. Alléluia!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire