samedi 22 avril 2017

En visite "ad limina"

Je vous écris de Rome où je suis arrivé cet après-midi pour entreprendre la visite ad limina. Voilà une expression bien ecclésiastique qui laisse bien des gens perplexes. De quoi s'agit-il?

D'abord, un peu de latin. (Après tout, ça demeure la langue officielle de l'Église catholique romaine!) La visite ad limina apostolorum - d'après son titre complet - désigne une visite "au seuil des apôtres", plus particulièrement, aux tombes des deux apôtres enterrés à Rome: Saint Pierre et Saint Paul. Les évêques du monde viennent régulièrement (aux cinq ans, en principe) prier et célébrer la Messe près de ces tombes pour signifier leur unité avec l'Église des origines, l'Église apostolique. En même temps, ils veulent exprimer le lien profond qui les unit au successeur de Pierre, l'évêque de Rome... le Pape. Il s'agit donc d'un pèlerinage qui veut m'aider à bien comprendre mon ministère d'évêque, un ministère qui concerne non seulement un diocèse particulier - dans mon cas, l'archidiocèse de Gatineau - mais l'Église universelle qui s'étend dans le temps et dans l'espace. La visite ad limina est donc d'abord une expérience spirituelle, une expérience de prière : c'est pourquoi nous, les évêques du Québec, avons décidé de commencer notre visite par une retraite de cinq jours qui débutera lundi.

En même temps, cette visite nous donne l'occasion de rendre compte au Pape de notre gestion de la portion du peuple de Dieu qu'il nous a confiée. On me demande parfois qui est mon supérieur hiérarchique ? À qui dois-je rendre compte de mon travail ? La réponse est toute simple : c'est le Pape. Évidemment, le Pape ne peut pas suivre personnellement chacun des quelques 2000 diocèses répandus dans le monde. Pour ce faire, un corps administratif organisé en divers dicastères (encore du jargon ecclésiastique - ça veut dire département ou ministère) se met à son service. On appelle ce corps administratif la Curie romaine. Concrètement, durant les deux semaines qui suivront notre retraite, en plus de visiter les tombes des apôtres Pierre et Paul, nous rencontrerons les responsables de ces dicastères pour les informer de notre réalité particulière et, avec eux, considérer la dimension plus globale des défis qui nous confrontent. Le point culminant de cette démarche demeure sans contredit la rencontre avec le Pape François où nous aurons la chance de nous retrouver avec lui pour deux heures d'échange et de réflexion. En préparation à ces rencontres, chaque évêque a préparé un rapport important expliquant l'état de son diocèse et rendant compte du chemin accompli depuis sa dernière visite.

Vous aurez remarqué que je ne fais pas ma visite ad limina seul. Je la fais avec tous les évêques du Québec. Les évêques de l'Atlantique et de l'Ouest canadien ont fait une démarche semblable durant le carême. Les évêques de l'Ontario nous précèdent ici d'une semaine. Ainsi, tous les évêques du Canada auront accompli ce pèlerinage important dans l'espace de quelques mois. Sans doute, nous aurons l'occasion d'y revenir lors de la rencontre annuelle de la CÉCC en semptembre.

La tradition de la visite ad limina remonte au Moyen Âge. Au début du vingtième siècle, le Pape a décrété que chaque évêque l'accomplirait aux cinq ans. De fait, à cause du nombre grandissant des évêques dans le monde et de la charge toujours plus lourde du Saint Père, les plus récentes visites ad limina se sont quelque peu espacées. La dernière pour les évêques du Canada remonte à 2006. Pour moi, ce sera la troisième depuis mon ordination épiscopale en 1997. J'ai vécu la première avec Jean-Paul II, la deuxième avec Benoît XVI... et cette troisième se vivra avec le pape François. Je me compte bien chanceux de pouvoir avoir rencontré ces trois grands hommes et pasteurs. Chacun m'inspire à sa façon. J'espère que cette troisième visite ad limina m'enrichira autant que les deux premières. Je vous invite à prier pour que mon souhait se réalise.

1 commentaire:

  1. Je prie à l'instant:
    Que le coeur de chacun de nos évêques du Québec ouvre la porte à l'Esprit qui frappe par la parole et la personne de notre pape François.

    RépondreEffacer