Commentaire
de Mgr Paul-André Durocher
sur
la découverte des 215 tombes non-identifiées
au
pensionnat autochtone de Kamloops
Gatineau,
le 3 juin 2021
Chers
amis, chères amies,
Comme vous, je suis bouleversé par la nouvelle de la découverte des 215 tombes non-identifiées d’enfants autochtones sur le terrain de l’école résidentielle de Kamloops. Je peine pour nos frères et sœurs autochtones dont les souffrances sont ravivées par cette nouvelle. En tant que membre d’une Église qui a contribué à cette désolation, j’ai honte.
Cette découverte jette une lumière crue sur ce que la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) nous avait appris il y a déjà huit ans. En effet, la CVR avait commandité une recherche sur la question du sort des enfants décédés dans les pensionnats autochtones. (https://nctr.ca/wp-content/uploads/2021/05/AAA-Hamilton-cemetery-FInal.pdf) Cette étude a conclu que de nombreux enfants étaient morts de tuberculose dans ces pensionnats, surtout avant 1950. La CVR avait dénombré plus de 3000 décès enregistrés, un taux de mortalité deux à trois fois plus élevé que dans la population générale. Les registres étant partiels, on peut croire que ce chiffre est bas. Le rapport notait que les soins de santé dans plusieurs de ces pensionnats étaient sous-financés et de pauvre qualité. De plus, le gouvernement refusait de payer les frais pour rapatrier les corps des enfants décédés pour que leurs parents puissent les enterrer de façon convenable chez eux. Ils étaient souvent inhumés dans des cimetières sur le terrain de l’école, sans pierre tombale, sans identification. La CVR avait conclu qu’au moins 90 enfants étaient morts durant les années d’existence du pensionnat de Kamloops, soit de 1890 à 1969. Les recherches récentes au radar souterrain ont révélé qu’il y en avait au moins 215. Les recherches se poursuivent, et on peut s’attendre à ce qu’on découvre des tombes additionnelles.
Cette triste découverte a ravivé les blessures profondes de nos frères et sœurs autochtones qui ont fréquenté ces institutions. Elle souligne aussi à quel point tout le système des écoles résidentielles était inique. Même si certains anciens résidents peuvent nommer des aspects positifs de leur expérience dans ces pensionnats, le système lui-même véhiculait une vision raciste selon laquelle les autochtones devaient être éduqués « à la blanche » afin d’intégrer la société canadienne. Il cherchait à assimiler les autochtones et à faire mourir leur culture. Il a déchiré des familles, créé des lieux de propagation la maladie et, souvent, de violence. À l’époque, des églises chrétiennes, des diocèses et des communautés religieuses croyaient bien faire en participant à ce système. Aujourd’hui, nos yeux se sont ouverts.
Je me joins aux nombreux responsables d’Églises locales et d’institutions religieuses qui ont géré ces écoles en demandant pardon avec eux pour le mal qui a été fait. Je veux contribuer à ma façon à réparer ce mal, en autant qu’il peut être réparé. Je sais que le chemin sera long, mais je m’engage à y marcher avec toute personne de bonne volonté.
Devant
ces révélations, que pouvons-nous faire? Nous pouvons nous informer du travail
de la CVR si ce n’est pas encore fait et nous familiariser avec ses appels à
l’action, qu’on peut retrouver ici :
http://trc.ca/assets/pdf/Calls_to_Action_French.pdf
Nous
pouvons faire nôtre les excuses qui ont été présentées depuis le début des 1990
par les responsables des organismes religieux qui ont géré ces écoles. Vous
pouvez les retrouver ici :
https://www.cccb.ca/fr/peuples-autochtones/pensionnats-indiens-et-cvr/
Au
sujet des découvertes récentes à Kamloops, vous pouvez lire les commentaires
(i) du provincial des pères Oblats qui avaient géré cette école; (ii) de
l’archevêque de Vancouver sur le terrain duquel se trouvait l’école de
nombreuses années d’existence; (iii) de l’archevêque de Régina; (iv) du
président de la CÉCC et (v) du président de l’AÉCQ, ici :
(ii) https://rcav.org/first-nations
(v) https://evequescatholiques.quebec/sn_uploads/fck/2021-06-03_Communique_Kamloops.pdf
Enfin, Mme Julie Cool, agente de pastorale diocésaine, est prête à animer des groupes d’échange à partir du nouveau texte « À l’écoute des voix autochtones. Guide de dialogue sur la justice et les relations équitables » publié par le Forum jésuite pour la foi sociale et la justice. Pour indiquer votre intérêt dans un tel échange, communiquez avec elle à l’adresse courriel cool.j@diocesegatineau.org.
L’Évangile de Jésus-Christ nous pousse à demander pardon pour nos fautes, à nous réconcilier et à rechercher l’unité. Animés par cet Évangile, dénonçons les injustices du passé, accompagnons les douleurs du présent et bâtissons ensemble un meilleur avenir.
+ Paul-André Durocher,
Archevêque
de Gatineau.
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