Lire Jacques 5,1-6
Il arrive parfois que des chefs religieux,
des évêques par exemple, se prononcent publiquement sur des questions
d’économie ou de justice sociale. Ils attaquent des structures injustes ou des
politiques myopes qui entretiennent la pauvreté d’une si grande partie de la
race humaine.
Souvent, les responsables de ces politiques
répondront que les chefs religieux devraient s’en tenir aux seules questions
religieuses. Ces responsables évitent ainsi les vraies questions en s’attaquant
à la compétence de ceux qui les critiquent.
Mais ces derniers ne font que suivre
l’exemple des prophètes de l’Ancien Testament et des apôtres comme saint
Jacques. Car la mission des prophètes et des apôtres n’est pas seulement
d’annoncer la Bonne Nouvelle, mais de dénoncer ce qui dans le monde est contraire
à la volonté de Dieu.
Dénoncer n’est pas une tâche aisée. On
s’attire des bosses lorsqu’on affirme que certaines situations sont
inacceptables. On a lapidé les prophètes parce qu’on n’aimait pas leurs
messages. On a tué Jésus plutôt que d’écouter son appel à la conversion et à la
transformation. La tradition veut que tous les apôtres sauf saint Jean soient
morts martyrs.
Mais les disciples du Christ se sentent
obligés de lutter pour le bien de toute la personne humaine, pas seulement son
âme. Aimer quelqu’un veut dire chercher son bien d’abord et avant tout, et
chercher tout son bien.
Les versets que nous lirons ce dimanche
nous présentent une dénonciation sévère des riches. Non pas que saint Jacques
voit la richesse en elle-même comme un mal. Il s’en prend plutôt à ces
richesses accumulées par la voie de l’injustice et de l’oppression. Il dénonce
les personnes qui s’enrichissent en volant leurs employés, en exploitant leurs
faiblesses, en écrasant les pauvres.
Ce que saint Jacques dénonce, c’est l’amour
de l’argent qui prime sur l’amour des personnes. Ce qu’il dénonce, c’est un
système économique qui met la recherche du profit avant la quête du bien; un
système où la personne n’est vue qu’en termes de ce qu’elle peut produire ou
consommer.
Le Royaume de Dieu est un Royaume où les
relations sont plus importantes que le profit, où l’on reconnaît la dignité de
chaque personne, où règne la justice. En s’engageant pour ce Royaume, les
disciples du Christ écraseront peut-être quelques orteils. C’est le prix à
payer lorsqu’on lutte pour la justice et pour la paix.