mercredi 8 février 2012

Des dieux, des droits et des responsabilités


Lire I Corinthiens 10,23 – 11,1



Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de visiter les ruines de Pompéi en Italie. J’ai été impressionné par le nombre de temples consacrés aux divers dieux du panthéon romain. À chaque coin de rue, il semblait y avoir un petit temple à un dieu particulier. On m’a expliqué que chaque dieu avait sa zone d’influence : le commerce, l’amour, la température, l’amitié, l’agriculture, le travail, etc. On venait souvent sacrifier des animaux sur les autels de ces petits temples afin d’implorer un secours ou pour rendre grâce. Et toute cette viande, qu’est-ce qu’on en faisait ? Elle se retrouvait au marché et éventuellement sur la table à dîner pour un repas.


Les chrétiens de Corinthe vivaient ainsi au milieu de la culture païenne grecque. Et ils étaient souvent confrontés à un problème : devaient-ils acheter au marché cette viande offerte aux idoles ? devaient-ils accepter d’en manger lorsqu’on en offrait lors d’un repas ? Il était clair qu’ils ne devaient pas participer au culte des idoles et ne pas offrir de sacrifice aux temples. Mais si les dieux n’existaient pas, si ce culte était vide et vain, pourquoi ne pas alors manger la viande ?

D’ailleurs, Paul n’avait-il pas prêché qu’une fois sauvé, on était libre de toute loi ? N’avait-il pas dit que c’est l’amour de Dieu qui nous sauve, et non pas nos propres actes ? N’a-t-il pas même prêché que « tout est permis ? »


Paul répond à cette question par une phrase que nous devrions tous graver sur notre cœur : « Tout est permis, mais tout ne convient pas. » Paul est d’accord que la viande offerte aux dieux n’est rien, et qu’on peut bien en manger dans la liberté chrétienne. Mais… et c’est un grand « mais »… il faut se demander quel impact notre décision aura sur les autres. Si mon confrère juif, dont la loi impose qu’on ne mange pas ces viandes, est scandalisé par mon geste, ne devrais-je pas alors me retenir ? Si mon amie païenne croit que j’adore une idole en mangeant cette viande, ne devrais-je pas m’abstenir ? Si la foi d’un frère ou d’une sœur de l’Église est plus fragile, ne devrais-je pas, pour la paix de son âme et le bien de la communauté, manger autre chose?


Nous vivons aujourd’hui dans un monde où chacun, chacune réclame ses droits. La « charte des droits et libertés » est devenue la nouvelle bible de notre société. Mais qui élève la voix pour nous rappeler nos devoirs et nos responsabilités ?


Les droits personnels ne sont pas le plus grand bien. La vie en communauté, l’amour des autres est encore plus important. Et je dois parfois sacrifier l’exercice d’un droit par amour pour un autre, en vue de faire grandir la communauté. À quoi sert l’exercice d’un droit si, en l’exerçant, je détruis la communauté qui m’accorde ces droits ? Il faut enrichir le langage des droits par un langage supérieur : celui de l’amour.

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