Une méditation sur la deuxième lecture du 6e dimanche de Pâques, Année A:
I Pierre 3, 15-18
À l’époque où saint Pierre écrit sa première lettre, les chrétiens et chrétiennes sont souvent traînés devant les tribunaux où on les accuse de toutes sortes de crimes. Cette persécution mine la confiance et la foi de ces jeunes communautés. Une des raisons qui pousse Pierre à écrire cette lettre, c’est de les encourager à ne pas abandonner. Il leur rappelle qu’ils passent par le même chemin que Jésus, lui le juste qui a été injustement accusé et condamné. Il leur rappelle que Jésus, ressuscité dans l’Esprit, doit être pour eux une source de courage et de persévérance.
Il y a encore aujourd’hui des parties du monde où être chrétien demeure dangereux. Vivre en chrétien l’est encore plus. S’engager pour la justice au nom de l’Évangile dérange, provoque, menace les pouvoirs économiques et civils. Encore aujourd’hui, il y a des martyrs : en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie. Ces hommes et ces femmes continuent à suivre Jésus jusqu’au bout. Ils prennent à cœur la parole de Pierre : « Mieux vaut souffrir en faisant le bien, si telle est la volonté de Dieu, qu’en faisant le mal. »
Nous n’avons pas à relever de semblables défis chez nous. Mais le christianisme n’a plus la belle figure qu’on lui prêtait autrefois. Chrétiens et chrétiennes sont de plus en plus vus « de travers » : on se moque de leur foi, on les trouve dépassés, parfois même bigots et superstitieux. On se fait traîner devant les tribunaux de l’opinion publique et des médias à cause de notre attachement à la famille, à cause de notre défense de la vie des enfants à naître, à cause de notre engagement pour la justice sociale. Même nos amis, même nos enfants (et parfois nos parents) nous accusent d’être vieux jeu ou un peu ridicules parce que nous nous rendons à l’église le dimanche et que nous continuons à prier à tous les jours.
Parfois, nous réagissons avec amertume, même avec colère. On écrit des lettres bêtes à l’éditeur du journal, on s’engage dans des discussions vaines avec les voisins, on s’argumente avec la parenté. Devant cette réalité, les paroles de Pierre nous rappellent à l’ordre : « Soyez toujours prêts à donner la raison de votre espérance à ceux qui vous la demande, mais que ce soit avec douceur et respect. »
Il ne s’agit pas de montrer aux autres qu’ils ont tort ou qu’ils sont dans l’erreur : il s’agit de leur partager simplement ce qui nous fait espérer. Et Pierre nous dit comment le faire : doucement, respectueusement. C’est une Bonne Nouvelle qui nous habite : la bonté, la beauté de cette Nouvelle doivent être évidents lorsqu’on en parle avec d’autres. La joie qui est nôtre devrait attirer ; la consolation qui est nôtre devrait intriguer ; la conviction qui est nôtre devrait inspirer. En fin de compte, c’est cela, évangéliser.
C’est dans l’Esprit que Jésus est ressuscité. Ce même Esprit saura nous faire passer les petites morts de chaque jour pour en faire jaillir la vie non seulement pour nous-mêmes, mais pour tous ceux que nous rencontrons sur notre route.
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