jeudi 1 septembre 2011

Le vrai sens de l'amour

Une méditation sur la deuxième lecture du 23e dimanche du temps ordinaire, Année A

Lire Romains 13, 8-10

Les anciens Grecs se servaient de quatre mots pour parler de l’amour : latreia, la dévotion d’un fils ou d’une fille pour ses parents; philos, le lien durable de l’amitié; éros, l’émotion puissante souvent associée à la sexualité; agapè, le choix de placer le bonheur d’un autre avant le sien.

Le français ne jouit que d’un seul mot, amour, pour désigner toutes ces diverses réalités. Est-ce surprenant que nous ayons de la difficulté à comprendre l’amour, à en parler, à le protéger et à le faire grandir?

Notre culture populaire semble obsédée par un seul de ces aspects : l’éros. Les chansons, les films, les romans idéalisent cet amour sentimental, le voyant comme le sommet de la vie humaine. Évidemment, ce genre d’amour compte parmi les expériences les plus fortes qu’on puisse connaître. Mais il cache un problème sérieux. Il produit en nous des émotions si puissantes qu’on en vient à considérer l’autre simplement en fonction d'elles. L’autre n'a de valeur pour moi que s’il, ou elle, éveille ces émotions en moi. Ma relation avec l’autre devient alors possessive, jalouse, égocentrique. Je risque ainsi de détruire ce qui possédait tant de valeur pour moi. Cela aussi, les chansons, les films et les romans le racontent, tristement.

Lorsque Paul écrit, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même, » il ne parle évidemment pas d’éros. Le mot dont il se sert, c’est agapè. L’agapè, c’est moins une émotion qu’un choix. Selon cette perspective, aimer quelqu’un c’est choisir son bonheur, considérer son bien avant le mien. En autres mots, l’agapè invite à trouver sa joie dans la joie de l’autre.

Lorsque saint Jean écrit « Dieu est amour », il se sert du mot agapè. Il veut nous faire comprendre que Dieu trouve sa joie dans notre joie, que Dieu ne désire rien de moins que notre bonheur. En Dieu, il n'y a que grâce et don. La Loi de Dieu veut nous rendre plus divins. Il n’est donc pas surprenant que cette Loi se résume dans l’invitation, « Trouve ta joie dans la joie de l’autre. »

On peut mieux comprendre, alors, comment Jésus pouvait dire « Aimez vos ennemis. » Il ne parlait ni d’émotion ni d’amitié ni de dévotion, mais d’un choix : de prendre soin de ceux qui nous font mal, de prier pour leur bonheur, de panser leurs blessures, de désirer leur joie. Nous apprendrons à aimer ainsi nos ennemis en commençant à aimer de même nos proches : époux ou épouse, parents ou enfants, compagnons et compagnes de travail ou de loisir, voisins. Nous pourrons commencer à réaliser les paroles de Jésus en trouvant notre joie dans la leur.

Paul nous rappelle que la seule vraie dette que nous ayons à leur égard se trouve là. Encore plus, c’est une dette que nous devons à nous-mêmes.

2 commentaires:

  1. Dieu me demande d'aimer mon prochain comme moi-même. Il en fait un commandement et même l'un des deux plus grands. Aimer un parfait inconnu comme soi-même. Rien de plus facile, non? Si je manque à ce devoir, ce qui m'arrive naturellement à tous les jours, ne devrais-je pas me précipiter vers le confessionnal pour me faire pardonner d'avoir violé l'un des deux plus grands commandements? Qu'en dites-vous?

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  2. On dit souvent que les plus grands saints se considéraient aussi les plus grands pécheurs...

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