Lire Éphésiens 4:1 -6
Le mystère de Dieu a toujours confondu la
pensée humaine. Nous n’arrivons pas à nous hisser au niveau qui nous
permettrait de parler correctement de ce mystère, encore moins de l’expliquer. Nous
balbutions et nous bégayons alors que nous cherchons les concepts et les mots
les moins mal-adaptés pour parler de ce mystère qui nous entoure et nous
dépasse.
Durant les premiers siècles de l’Église,
les chrétiens ont débattu longuement des concepts et des mots qui pourraient exprimer
un peu leur expérience de Dieu en Jésus-Christ. Un de ces concepts est celui de
personne. Les évêques rassemblés au Concile de Nicée en 325 ont décidé de parler
du Père, du Fils et de l’Esprit comme trois personnes en seul Dieu.
Remarquez qu’ils n’ont pas parlé de trois individus
en Dieu! Le concept d’individu entraîne avec lui des idées d’autoaffirmation, d’autonomie,
d’identité envers et contre les autres. Devenir un individu veut dire se différencier,
se faire remarquer dans la foule, aller à contre-courant, chercher à s'épanouir
sans considérer les autres. L’individualité est devenue une idée maîtresse de
notre société contemporaine où chacun, chacune cherche à se poser dans son
unicité absolue. Dans cette perspective, celle d’un Sartre par exemple, « l’enfer,
c’est les autres »!
Le concept de personne est très différent.
Devenir une personne veut dire se découvrir en relation avec d’autres. La
personne pleinement humaine fait partie d’une communauté; elle se tient avec
les autres, par contre les autres; elle sait que son épanouissement dépend de l’épanouissement
des personnes qui l’entourent.
On comprendra alors que parler de trois
personnes en Dieu, c’est affirmer qu'il y a quelque chose de communion, de
relation et d’amour à la source de tout ce qui existe. Considérer l’être humain
à la ressemblance de Dieu implique que l’être humain ne s'accomplit pas en
devenant un individu, mais une personne.
Dans l’extrait de la lettre aux Éphésiens
qui nous est proposé en ce dimanche, Saint Paul parle du mystère de Dieu qui
git au cœur de la foi chrétienne : Dieu en tant que Père, Seigneur (le
Fils) et Esprit. Sans se servir des mots du Concile de Nicée, il embrasse
implicitement le concept de personne. Il suggère que, si Dieu est engagé depuis
toute éternité dans une relation d’amour, nous qui croyons en ce Dieu devons
tendre vers ce même type de relation entre nous. Du cœur de la vie chrétienne surgit
une dynamique qui nous pousse à proclamer une seule foi, à célébrer un seul
baptême, à partager une seule espérance. Et cette dynamique s’épanouit en
humilité, en tendresse et en patience alors que nous cherchons à vivre en
relation d’amour les uns avec les autres.
Nous ne perdons pas notre être-personne dans
ce processus. Unité n'égale pas fusion. Par contre, notre personne est modelée
par les relations qui nous lient les uns aux autres. Comme il en va de Dieu,
ainsi en va-t-il de nous. Cherchons donc à refléter dans notre amour mutuel l’amour
qui bat au cœur du mystère même de Dieu.
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