Lire Philippiens 1, 4-11
Saint Paul était un homme complexe. Grand
écrivain et pauvre orateur. Apôtre de l’unité et méfiant des apôtres. Penseur
sévère et pasteur affectueux. Affectueux? Cela ne fait pas partie du portrait
habituel de ce grand homme. Pourtant, la lettre aux Philippiens que nous lisons
ce dimanche est tout empreinte de l’attachement affectif de Paul pour cette
communauté du nord de la Grèce. Voyons un peu ces quelques versets
introductifs.
« Chaque fois que je prie pour vous,
c’est toujours avec joie. » On reconnaît la joie comme un des motifs
principaux de cette lettre. Paul y revient constamment. Le souvenir des frères
et des sœurs qu’il a laissé à Philippes est pour lui source de joie. Plus que le
simple plaisir, la joie s'avère un sentiment profond qui dure au-delà de
l’instant, qui transforme le regard, qui élève le cœur. Voilà ce que Paul
ressent en pensant aux Philippiens.
« Ce que vous avez fait pour
l’Évangile en communion avec moi… Vous communiez à la grâce qui m’est
faite. » La communion consiste en cette profonde union liant les personnes
qui luttent pour la même cause, qui partagent les mêmes espoirs, qui rêvent des
mêmes idéaux. L’Évangile que Paul leur a prêché établit entre lui et les
Philippiens une vraie communion qui se manifestera par l’accueil, l’appui et
l’engagement que ces derniers donneront à Paul dans son ministère.
« Je vous porte dans mon cœur. »
Le cœur, dans la pensée juive, c’est plus que le siège des émotions. C’est
aussi le centre de la pensée, de la connaissance, de la volonté, de la
personnalité. Dire qu’on porte quelqu’un « dans son cœur, » c’est
affirmer que cette personne est tellement liée à sa vie qu’on ne peut vivre
sans elle. Paul voit ainsi les Philippiens, car toute sa vie de prédicateur,
toute sa mission, trouve son sens dans ces hommes et ces femmes qui, grâce à
lui, sont venus à la foi. L’œuvre de Paul n’est pas un projet idéologique, mais
une aventure personnelle tissée de relations humaines riches et fortes.
« Mon attachement pour vous dans la
tendresse du Christ Jésus. » Paul nomme souvent les qualités du
Christ : sa fidélité, son humilité, son obéissance, sa justice, sa foi,
son amour. Ici, il s’arrête à une qualité du Christ souvent passée sous silence
: sa tendresse. Littéralement, en grec, Paul dit « ses entrailles », faisant
référence aux entrailles d’une mère desquelles jaillit la vie d’une enfant. Il
s’agit d’un amour tout maternel, tissé d’accueil inconditionnel, de
miséricorde, de patience infinie, de douceur. Voilà la tendresse du Christ pour
nous. Voilà la tendresse de Paul pour les Philippiens.
À l’exemple de Paul, trouvons notre joie
dans les personnes qui nous entourent. Vivons en communion avec elles. Portons-les
dans notre cœur. Entourons-les de notre tendresse. Ainsi serons-nous de vrais
témoins de l’Évangile.
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