Lire Hébreux 10, 4-10
Lorsque en théologie on parle du sens de Noël,
on se sert d’une expression technique : l’incarnation du Verbe. Dans la
langue populaire, on connaît l’expression « un ongle incarné, »
c’est-à-dire un ongle qui pousse mal et qui entre dans la chair. En coupant la
chair, l’ongle incarné cause une infection, de l’inflammation, de la douleur.
Personne n’aime souffrir d’un ongle incarné
Lorsqu’on parle de l’incarnation du Verbe,
on parle aussi de quelque chose qui entre dans la chair humaine, non pas pour
la blesser mais pour la guérir. Le Verbe, c’est la deuxième personne de la
Trinité, la deuxième personne divine qui existe depuis toute éternité dans une
communion parfaite avec le Père et l’Esprit-Saint, chacun des trois étant Dieu, et pourtant n'étant qu’un
seul Dieu à trois.
Il y a deux mille ans, quelque chose
d’impossible est arrivé : le Verbe est entré dans la chair humaine, il
s’est « incarné » en Jésus de Nazareth, le fils de Marie. L’auteur de
la lettre aux Hébreux y voit la réalisation d’un passage du psaume 39, rédigé des centaines d’années auparavant : « Tu m’as fait un
corps… Alors j’ai dit : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. »
En mettant ces mots dans la bouche du Verbe venant dans le monde, l’auteur
montre que l’incarnation était déjà annoncée dans l’Ancien Testament.
Dans la mentalité juive de l’époque, le
corps est plus qu’un assemblage d’ossature, d’organes et de tissus. Le corps,
c’est la personne humaine en tant qu’elle peut entrer en relation avec les
autres. Grâce à ses yeux, elle peut voir le monde. Ses oreilles lui permettent
d’entendre, sa bouche de parler. Elle peut marcher vers l’autre, ou s’en
éloigner. Elle peut frapper l’autre, ou lui offrir une caresse. Voilà le
corps : la personne engagée et active dans l’histoire des relations humaines.
Le Verbe prend un corps pour entrer dans
l’histoire humaine, pour tisser des relations avec les hommes et les femmes, pour
leur dire avec des mots humains la profondeur de l’amour divin, pour offrir sa
vie en mourant sur une croix. L’incarnation du Verbe est donc inséparable de la
rédemption qu’il vient accomplir. Noël trouve son sens dans les ténèbres du
Vendredi Saint... et dans la lumière de Pâques.
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