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Philippiens 2,6-11
Saint Paul cite une hymne chantée dans les premières communautés
chrétiennes, une hymne remarquable par sa façon de présenter la trame de la
vie de Jésus. On y contemple d'abord un Jésus qui, en venant dans le monde, entreprend
un long processus de dépouillement.
C’est comme
si, dès sa naissance, Jésus se fait enlever peu à peu tout ce qui
habituellement nous fait plaisir ou honneur. Sa nature divine est comme cachée,
de sorte qu’on ne voit plus que l’homme. Il naît et vit dans la pauvreté. Il
abandonne tout pouvoir sur les autres et se fait serviteur, encore plus,
esclave. Il est abandonné de tous, rejeté et trahi. Il descend jusqu’à la mort,
et pas n’importe quelle mort : une mort cruelle et abjecte, la mort
réservée aux pires criminels, la mort sur la croix.
Nous,
humains, nous tenons à tout ce que nous avons, et nous y tenons de toutes nos
forces. Notre réputation, on ne veut que personne n’y touche. Notre argent,
c’est pour nous et nos proches. Nous sommes jaloux de nos amitiés, de nos
connaissances. Nous protégeons notre
santé comme un bien précieux à conserver. C’est comme si notre sécurité
dépendait de ces biens, de ces objets.
C’est en son
Père seul que Jésus met sa sécurité. Tout le reste pour lui est secondaire, au
point ou il peut tout abandonner pour ne s’attacher qu’à son Père. Il se laisse
vider.
Mais – et
c’est un ‘mais’ important – ce vide créé en Jésus ne reste pas vide. Il est
rempli, soudainement et totalement, par l’amour de Dieu son Père. Le
dépouillement total de Jésus fait place à l’emprise totale de l’amour divin en
lui. Et cet amour-là éclate en lui au matin de Pâques dans la vie nouvelle de
la résurrection. Encore plus, cet amour l’élève au-dessus de toute la création.
La gloire de Dieu le Père l’emplit, et tous les peuples viennent à reconnaître
que cet homme Jésus n’est nul autre que le Seigneur de l’univers.
Peut-être y
a-t-il pour nous une leçon là-dedans. Peut-être Jésus veut-il nous faire voir
la pauvreté de ces réalités dans lesquelles nous mettons notre sécurité.
Peut-être faut-il que, nous aussi, nous acceptions que la vie nous dépouille et
nous appauvrisse… qu’elle nous vide, afin que nous puissions, nous aussi, être
remplis de l’amour de Dieu le Père. Peut-être sommes-nous appelés à être élevés
dans la gloire divine avec Jésus, à condition de tout donner, avec lui, par
amour.
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