Lire II Corinthiens 5, 17-21
Pardonner, c’est une chose. Se réconcilier,
c’est une autre.
Réduit à ses dimensions élémentaires, le
pardon c’est simplement la décision de ne pas chercher vengeance auprès de la
personne qui nous a blessés. C’est accepter que la faute ne soit pas punie.
« Va, je te pardonne » veut dire « Tu peux partir en paix, je ne
courrai pas après toi, je ne chercherai pas une compensation pour le mal que tu
m’as fait. »
La réconciliation, c’est quelque chose de
plus compliqué. Certes, la réconciliation exige le pardon. On ne peut se
réconcilier avec quelqu’un sans qu’un pardon soit accordé et accepté. Mais se
réconcilier, ça veut dire recréer une relation qui a été blessée. Ça veut dire
renouer avec quelqu’un qui nous as fait mal, malgré le mal.
J’ai connu un couple où époux et épouse
s’étaient blessés mutuellement, de façon très sérieuse. Avec l’aide d’un
accompagnement professionnel, ils ont pu se pardonner mutuellement. Mais ils
n’ont pas pu se réconcilier. Ils étaient prêts à laisser tomber l’offense, mais
non pas à rebâtir leur relation. Ils se sont quittés sans trop d’amertume, mais
ils se sont quittés.
Une relation, c’est comme un ruban
élastique. Sous le stress d’une blessure, la relation peut se faire étirer.
Mais si la blessure n’est pas trop sévère, le pardon peut mener à la
réconciliation : comme un ruban élastique qui reprend sa forme première,
la relation peut être renouvelée, comme recréée. Mais si la blessure est trop
sévère, la relation peut être brisée : alors, comme un ruban élastique
déchiré, il n’y a plus rien à faire.
Du moins, hors de Dieu, il semble qu’on ne
peut plus rien faire. Mais en Dieu, la réconciliation est toujours offerte.
Dieu ne veut pas seulement nous pardonner nos fautes, il veut nous réconcilier
avec lui. Dieu désire plus que la paix de notre cœur : il veut habiter
notre cœur. Il veut nous faire vivre de son amour.
Dans l’extrait que nous lisons ce dimanche
de la deuxième lettre aux Corinthiens, Paul se sert de l’expression
« réconcilier » pas moins de cinq fois en deux phrases. Et ce passage
culmine en cet appel qui vient du cœur de Paul : « Laissez-vous
réconcilier avec Dieu. »
Le carême nous est donné comme un temps
privilégié de réconciliation. Non seulement Dieu nous offre-t-il le pardon de
nos fautes, Dieu nous propose un nouveau partenariat, une nouvelle alliance.
Dieu nous propose la réconciliation. Car en Dieu, tout peut recommencer. Tout
peut être nouveau.
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