Lire 2 Timothée 2, 8-13
Lorsque j’étais petit
enfant, on ne chantait qu’en latin à la messe. Rendu à la grande enfance, les
choses ont changé et nous avons commencé à chanter en français. Un des premiers
chants dont je me souviens était de Lucien Deiss : « Souviens-toi de
Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts; il est notre salut, notre gloire
éternelle. » La longue mélodie ascendante et l’ampleur du rythme traduisaient
bien la solennité de cette profession de foi, la Bonne Nouvelle résumée en une
phrase.
Bien des années plus
tard, j’ai découvert la source du texte de Deiss : la lecture d’aujourd’hui.
Pour bien en saisir le sens, il faut se rappeler son contexte. Paul, en prison,
écrit à son jeune ami Timothée pour l’encourager dans son ministère comme chef d’une
communauté chrétienne. Timothée doit trouver cela difficile, et Paul le
reconnaît. Il le compare tour à tour à un soldat, à un athlète et à un
cultivateur qui doivent se dépenser jusqu’au bout s’ils veulent récolter
le fruit désiré.
Paul lui-même s’est
dépensé jusqu’au bout. Il commente la profession de foi qu’il vient de citer en
expliquant que c’est à cause d’elle qu’il se trouve en prison. Mais,
affirme-t-il avec une force inouïe, la Parole de Dieu, elle, ne peut être
enchaînée! Voilà la source de son courage, de sa détermination, de sa
persévérance. Même de sa prison, il proclame à temps et à contre temps cette
nouvelle extraordinaire : en Jésus, Dieu nous a aimés jusqu’à mourir...
afin que nous puissions tous vivre!
Paul conclut ce
passage en citant une hymne qui devait être chantée dans les premières
communautés chrétiennes. Timothée lui-même devait la connaître, mais Paul la
lui rappelle pour l’encourager. « Si nous mourons avec le Christ, avec lui
nous vivrons... » Paul avait déjà enseigné cela dans sa lettre aux Romains :
par le baptême, nous mourons au péché et à nous-mêmes, nous sommes ensevelis
avec Jésus afin de ressusciter avec lui. « Si nous souffrons avec le
Christ, avec lui nous règnerons... » Ce que nous avons vécu au baptême
doit marquer notre vie de tous les jours. Nous devons accepter de souffrir par
amour pour les autres si nous voulons participer au Règne de justice, de paix et
de joie.
L’hymne avertit :
« Si nous le renions, lui aussi nous reniera. » Renier le Christ, c’est
refuser de tenir jusqu’au bout dans la persévérance. Je viens de lire dans un
roman: "Renier, dénier, cracher, c'est pour les aigris, les fortiches, les
types qui veulent croire qu'ils se sont faits tout seuls et personne avant
eux." Comment le Christ pourra-t-il nous garder avec lui si nous nous
sauvons de lui?
Mais l’hymne conclut en rappelant la possibilité du pardon et du retour : « Même si nous manquons de
foi en lui, le Christ ne manquera pas de foi en nous : il est fidèle à ses
promesses. » Et voilà le mot ultime : la fidélité de Dieu en Jésus
qui pardonne tous nos torts, nous relève de toutes nos fautes, fait jaillir sa
lumière même dans la nuit la plus sombre.
Cette lecture est
comme un baume pour toute personne qui vit un moment difficile. Elle invite au
dépassement, à la confiance, au relèvement. Les mots de Paul, écrits depuis sa
prison de l’an 60 à Rome, résonnent encore aujourd’hui dans nos cœurs deux
mille années plus tard.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire