Lire Romains 5, 12-19
Ce premier dimanche du carême nous présente
un des textes les plus denses de saint Paul. Dans ce passage de la lettre au
Romains, il nous dresse un tableau du conflit cosmique entre le bien et le mal,
Jésus représentant les forces du bien et Adam, celles du mal.
Ça me fait penser à la série de films La
guerre des étoiles où l’on représente l’univers soutenu par une
« force » qui possède un aspect lumineux et un aspect ténébreux. Le
protagoniste du film, Luke Skywalker, doit éviter de se laisser séduire par
l’aspect ténébreux comme l’a été son père, Darth Vader. Il doit choisir entre
ces deux aspects de la force universelle.
On pourrait comparer cette image d’une
« force » dans La guerre des étoiles à la compréhension
chrétienne de Dieu. Car, tout comme la « force » dans le film, le
Dieu de Jésus-Christ soutient l’univers entier. Le cosmos jaillit de la
toute-puissance de Dieu. Mais il y a deux différences fondamentales entre la
« force » de ces films fictifs et la réalité de Dieu. D’abord, Dieu
n’est pas une « force » impersonnelle, mais une puissance amoureuse,
une présence compatissante. Et – ce qui est tout aussi important – il n’y a
aucun aspect ténébreux dans le Dieu qui soutient l’univers. Pour Paul, Dieu
n’est que lumière, compassion et amour. C’est en se détournant de Dieu et en se
coupant de cette puissance amoureuse que l’on plonge dans les ténèbres et dans
la mort.
C’est ce qu’a fait Adam dans l’histoire qui
ouvre la Bible. En se détournant de Dieu, il s’est plongé dans les ténèbres
avec toute sa descendance. Car il a inauguré un cycle de violence qui, depuis
ce temps, caractérise l’histoire humaine, histoire dans laquelle nous sommes
tous engagés dès notre naissance. Son refus de Dieu englobe et représente tous
les refus qui suivront, les nôtres inclus.
Mais face à ces refus se dressent l’amour
et la miséricorde inépuisables de Celui qui tient l’univers dans ces mains.
Dieu envoie son Fils mettre fin au cycle de violence inauguré par Adam. Et
cette violence, ce mal qui tisse sa toile sombre dans l’histoire humaine ne
peut tenir dans la présence lumineuse du Christ. Comme le dit saint Paul,
« le don gratuit de Dieu et la faute n’ont pas la même mesure. » En
effet, le don de Dieu dépasse la faute, la pardonne, l’efface, lui enlève tout
son pouvoir néfaste.
Il s’agit pour nous de choisir avec qui
nous nous tiendrons : avec Adam, notre grand-père fier, rebelle et
pécheur, ou avec Jésus, notre grand frère obéissant, fidèle et plein d’amour. À
la différence de Luke Skywalker, nous ne sommes pas abandonnés à nous-mêmes
dans ce choix. Dieu lui-même vient à notre secours : il nous donne son
Esprit, sa puissance qui nous permet enfin de choisir la vie. Ouvrons donc
notre cœur durant ce carême, accueillons l’Esprit de Dieu, choisissons la vie
avec Jésus. Voilà ma prière pour nous tous en ce début de carême.
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