mardi 23 août 2016

Réponse à M. Roch Cholette, partie I

M. Roch Cholette est animateur de radio ici à Gatineau. Ce matin, il a déploré le fait que j’ai pris la parole lors d’un rassemblement de citoyens qui protestaient le projet d’un nouvel oléoduc dans la région.

Je ne sais pas si M. Cholette croit personnellement tout ce qu’il dit à la radio. Il joue bien le rôle de provocateur, ce qui attire la clientèle et les dollars à son poste. Tout cela est de bonne guerre. Malheureusement, les propos qu’il véhicule sont souvent gobés par des gens peu informés, ce qui peut parfois empêcher un sain dialogue sur des questions importantes.

M. Cholette s’est offusqué de ma prise de parole parce que, selon lui, elle enfreint le principe de la séparation de l’État et de l’Église. Si je comprends bien sa position, il ne faudrait jamais qu’une personne s’exprime publiquement sur un sujet d’actualité à résonnance politique en faisant appel à ses principes religieux. La question qu’il soulève est importante, voire essentielle, si nous voulons progresser dans le vivre ensemble nécessaire à toute société laïque et pluraliste.

Dans le fond, il s’agit de définir la liberté religieuse. Celle-ci se limite-t-elle au simple exercice d’un culte, ou inclut-elle la possibilité de parler de sa foi en public, d’interpeller les acteurs sociaux en fonction de principes inspirés par la foi et de s’engager ouvertement au nom de sa foi dans la construction d’une société ouverte à ces principes?

Je donne un exemple. L’Église catholique est contre la traite des humains. Ai-je le droit, dans une société laïque, de dire pourquoi je m’oppose à cette pratique? Ai-je le droit d’interpeller les politiciens pour qu’ils érigent des lois pour l’empêcher? Est-ce que je peux m’engager comme croyant ou croyante dans la construction d’une société qui refuse toute forme d’esclavage? Si l’on me refuse ce droit, peut-on en même temps m’affirmer que je suis libre de pratiquer ma religion? Je ne le crois pas.

La séparation de l’Église et de l’État veut garantir que le gouvernement n’impose pas de loi qui limiterait la liberté religieuse ou favoriserait une religion aux dépens d’une autre. D’autre part, elle veut garantir qu’aucune religion n’impose sa vision à l’ensemble de la population en réduisant l’État au rôle d’exécuteur de sa puissance dominatrice. Autrefois, il est vrai, le Québec s’est trouvé quelque peu dans la deuxième situation alors que certains gouvernements cherchaient l’assentiment des évêques catholiques avant de passer une loi. Je regrette personnellement qu’il en fût ainsi dans le passé, et je n’ai aucun désir de retourner à cette pratique. Je ne connais aucun évêque québécois qui couve un tel désir. Je crois d’ailleurs que la société québécoise ne l’accepterait jamais. Tant mieux!


Alors, pourquoi M. Cholette s’offusque-t-il qu’un citoyen comme moi prenne la parole librement pour exposer ses convictions personnelles? De quoi a-t-il peur? Je ne lui demande pas d’être d’accord avec moi. Je lui demande simplement de respecter mon droit de pratiquer ma religion et ma liberté de parole… comme je respecte la sienne.

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