Lire I Corinthiens 6,12-18
La liturgie catholique omet parfois un verset ou un bout de phrase lors de la proclamation publique d’un texte à la messe afin d’en faciliter la compréhension orale. Mais il me semble qu’on ne peut bien comprendre la deuxième lecture de ce dimanche qu’en le lisant au complet, ce que je vous encourage à faire. Car ce texte est capital pour bien saisir l’éthique sexuelle de saint Paul et, par conséquent, de la tradition de l’Église. Essayons d’en dégager les principes.
D’abord, la morale de Paul n’est pas de l’ordre du permis et du défendu. Il ne s’agit pas pour lui de faire une liste de règlements dont la brisure constituerait un péché. Paul cherche plutôt à répondre à la question : quels choix humains correspondent le mieux à la vie que Dieu fait surgir en moi? Il s’agit donc d’une morale de liberté et d’épanouissement, une morale qui recherche le bien parce que ce bien me fait grandir comme être humain. La vie n’est pas un test qui nous est imposé afin de voir qui mérite la récompense éternelle, mais un processus de croissance que Dieu nous invite à embrasser.
Ensuite, Paul explique que la sexualité n’est pas un simple appétit comme la faim ou la soif. C’est que la sexualité humaine nous fait entrer en relation avec un autre. L’être humain se construit ou se détruit par sa façon de construire ou de détruire ses relations. La sexualité n’est donc pas simplement une question de plaisir ou de besoin : elle est profondément relationnelle.
Troisième point : notre façon de construire et de vivre nos relations doivent correspondre à la relation qui fonde notre vie, c’est-à-dire à notre relation à Dieu en Jésus-Christ. Paul donne un exemple très clair : faire de la relation sexuelle un échange commercial limité à la seule dimension du plaisir (la prostitution) ne correspond pas à la relation que Dieu veut vivre avec nous, faite de respect, de gratuité, de respect et d’amour. Voilà pourquoi une vie sexuelle débridée ne peut jamais être compatible avec la vie de grâce que nous découvrons en Jésus.
Quatrième et dernière observation : tout dans ce monde doit servir à notre croissance en humanité et en liberté. Si je deviens esclave à une réalité de ce monde – la sexualité, par exemple – il est clair que je m’éloigne du plan d’amour que Dieu a pour moi. Au contraire, si une réalité de ce monde me permet de grandir dans l’amour de Dieu, je deviens plus humain et plus vivant. C’est ce qui arrive lorsque la sexualité devient ce langage d’amour, de fidélité et de générosité qu’elle est appelée à être dans le mariage.
Ce ne sont là que quelques réflexions provoquées par la lecture de ce paragraphe de Saint Paul. Mais elles nous présentent une vision profonde de la sexualité humaine et un projet éthique engageant tout l’être humain. Une chance que l’Esprit nous habite pour nous donner la sagesse et la force nécessaires pour vivre ce projet!
Aucun commentaire:
Publier un commentaire