Lire I Jean 5,1-6
Conquérir l’Everest! Jeune, j’étais fasciné par ce rêve. Je me plaisais à lire des livres consacrés aux aventures d'escaladeurs prenant d’assaut les montagnes de l’Himalaya. Ces récits parlaient à mes désirs de dépassement, à mes rêves d’aller au bout de mes capacités, de mes talents, de mes possibilités.
Aujourd’hui, on entend parler de toutes sortes de conquêtes. Des femmes et des hommes se donnent des défis extraordinaires à relever : on traverse l’Atlantique en montgolfière, on contourne le monde en voilier, on marche du Chili à l’Angleterre. D’autres se proposent des défis plus courus, mais toujours impressionnants : un marathon à achever, un triathlon à conquérir, un centenaire à parcourir en bicyclette, une rivière à descendre en canot.
Antoine de Saint-Exupéry avait écrit : « C’est à l’obstacle que l’homme se mesure. » C’est bien vrai : on semble avoir besoin de se prouver en surmontant un obstacle, en dominant une montagne, quelle qu’elle soit.
Mais dans tous ces exemples, il s’agit d’obstacles physiques : distances à parcourir, hauteurs à escalader, temps à améliorer. Les vrais obstacles auxquels il faut se mesurer comme humains, ce sont les obstacles spirituels comme la haine, les préjugés, l’injustice, la colère. Et si nous voulons les surmonter lorsqu’ils se présentent devant nous, il faut d’abord les surmonter lorsqu’ils surgissent en nous. Voilà la vraie et plus noble conquête : la conquête de soi.
Ces puissances du mal, saint Jean les appelle « le monde. » Il se sert de cette expression comme d'un raccourci qui permet de nommer tout à la fois l’égoïsme du cœur humain, l’injustice de la société humaine, le refus de croire et d’aimer qu’il voyait autour de lui. Voilà ce qu’il faut conquérir, d’après saint Jean : « le monde » autour de soi, « le monde » en soi.
Par nous-mêmes, cette conquête s’avère impossible. L'obstacle est trop élevé, au-delà de nos forces et de nos capacités. Un seul a conquis le monde : le Christ ressuscité. Et le seul moyen pour nous de le conquérir à notre tour, c’est de le conquérir avec lui. Car lorsque nous croyons, l’Esprit de Dieu s’empare de nous et nous donne une puissance, une force extraordinaire. Non pas une puissance physique, mais une puissance morale et spirituelle capable de surmonter l’égoïsme qui nous afflige et de nous ouvrir à l’amour. « Ce qui nous fait vaincre le monde, c’est notre foi! »
Voilà donc la conquête qui vaut la peine d’achever, la victoire qu’il nous faut remporter. Avec le Christ ressuscité, nous le pourrons. Avec lui, nous vaincrons « le monde ».
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