Lire I Jean 2, 1-5
Le phénomène du pendule existe en religion comme dans tous les domaines de la vie. Nous avons tendance d’aller d’un extrême à l’autre, que ce soit comme individus ou comme société. Ce qui un jour allait de soi est aujourd’hui critiqué, ce qui avait été rejeté est embrassé, et nous avons de la difficulté à trouver l’équilibre.
Je vous donne un exemple. Lorsque j’étais jeune, on me présentait la vie chrétienne comme un genre de test. Il s’agissait pour moi de réussir le test en faisant tout ce qui était commandé et en évitant tout ce qui était proscrit. Si je réussissais, j’aurais le prix final : le paradis. Évidemment, une telle présentation de la vie chrétienne est faussée. Elle ne fait pas de place à l’action de l’Esprit dans ma vie, au salut que le Christ nous a mérité sur la croix, à l’amour du Père qui pardonne, guérit et relève. Cette présentation semble faire de moi l’auteur de mon propre salut, puisque ce serait en fonction de mes propres actes et de mes propres décisions que je mériterais le ciel. De plus, une telle vision des choses crée beaucoup d’anxiété dans le cœur des gens : ai-je vraiment fait tout ce que je devais faire? ai-je vraiment évité tout ce qui est proscrit? En fin de compte, on agit plus par crainte de l’enfer que par amour d’un Dieu miséricordieux.
Le Concile Vatican II qui a pris fin en 1965 a marqué un virage dans la prédication populaire de l’Église catholique. On s’est mis à parler de ce Dieu miséricordieux avec beaucoup plus d’ardeur. On a cessé d’accentuer le mal à éviter pour présenter le bien qui nous est proposé. On a parlé de l’amour divin, plutôt que de la justice divine. Le péché et l’enfer, relégués aux oubliettes (voilà un bon mot!), ont été remplacés par le pardon et l’accueil. Selon cette perspective, le salut donné en Jésus est gratuit et total. Plus d’inquiétude, plus de peur, plus de péché, plus de commandements! Tout le monde s’en va au ciel!
Le pendule a fait son travail, et nous n’avons toujours pas trouvé notre équilibre. Mais saint Jean l’avait trouvé, et il nous le démontre dans la lecture d’aujourd’hui. D’une part, il parle des commandements et du péché, en nous rappelant que ces commandements existent et qu’il faut éviter le péché. Mais, du même coup, il nous rappelle qui s’il arrive que nous péchions, Dieu nous accueille avec miséricorde à cause de son Fils Jésus. Et le résultat de cette miséricorde, accueillie dans l’Esprit, est une vie vécue en harmonie avec les commandements de Dieu.
Ainsi voyons-nous que la vision évangélique marie ce que nous croyons être deux extrêmes. En fin de compte, c’est l’amour qui peut nous faire découvrir l’équilibre juste. Car, d’une part, l’amour que Dieu a pour nous se fait pardon; et, d’autre part, l’amour que nous avons pour Dieu nous fait obéir à ses commandements et éviter le péché.
Attachons-nous donc avec amour aux commandements de Dieu, et trouvons dans son amour miséricordieux la force de lui être fidèle. L’équilibre se trouve dans l’amour.
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