Lire Apocalypse 5, 11-14
Il arrive dans nos rêves que des éléments
contraires se conjuguent pour créer des effets qui nous désorientent. Je rêve
que je suis dans les ténèbres, mais je peux aussi voir ce qui se passe. Je rêve
que je me vois en train d’agir, mais en même temps, je ressens intérieurement
ce qui m’arrive. Je rêve d’une personne qui est toute jeune, mais elle aussi
très vieille. Ce qui est impossible dans la vraie vie devient possible dans les
rêves.
Dans le rêve qu’il nous rapporte, saint
Jean nous présente une telle figure contradictoire : un agneau égorgé qui
se tient debout, vivant. Cet agneau a donc été tué en sacrifice, comme on le
faisait au Temple de Jérusalem. Mais il est toujours vivant et se tient debout,
en position de marche. Il est plein de vie; pourtant, il est mort.
Il se tient devant le trône où est assis
« quelqu’un. » Autour du trône, il y a vingt-quatre anciens, des
chefs de communautés. Il y avait vingt-quatre classes de prêtres dans l’Ancien
Testament : le chiffre vient-il de là?
Devant le trône se trouvent quatre êtres
qui ressemblent à des animaux : un lion, un jeune taureau, un aigle en
plein vol, le quatrième ayant une face humaine. Chaque être a six ailes,
recouvertes d’yeux : ils voient tout ce qui se passe. Représentent-ils
tous les êtres vivants de la création?
Et voilà que des millions de millions
d’anges se joignent aux anciens et aux quatre animaux pour proclamer la louange
de l’agneau immolé. Encore plus, toutes les voix de l’univers, toutes les
créatures « au ciel, sur terre, sous terre et sur mer, » se mettent à
louer l’agneau et celui qui siège sur le trône.
Quelle scène majestueuse : une
liturgie universelle où l’adoration se mêle à la louange, où le chant se marie
à la poésie. Cette liturgie, à qui s’adresse-t-elle? À celui qui siège sur le
trône, c’est-à-dire à Dieu, Seigneur et créateur de l’univers. Et à l’agneau
immolé vivant, c’est-à-dire au Christ ressuscité, Seigneur et sauveur de
l’humanité.
Ce rêve nous apprend que nos petites
liturgies humaines sont liées à une réalité qui nous dépasse infiniment. Nos
églises sont un reflet du ciel lui-même. Nos cantiques religieux sont des échos
des chants des anges. Nos assemblées représentent l’immense masse des êtres
qui, à travers l’univers entier, trouvent leur vie en Dieu et en son Messie.
Nous sommes déjà pris par le même mystère,
nous sommes épris du même amour. Le ciel se glisse sur la terre et l’éternité
est déjà commencée. Nos petites liturgies sont plus grandes que nous ne pouvons
l’imaginer.
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