Lire Hébreux 9, 24-28; 10, 19-23
Habituellement, les lectures prescrites
pour la liturgie catholique sont continues, mais pas en ce dimanche de
l'Ascension. Nous commençons par la fin du chapitre 9 de la lettre aux Hébreux
pour ensuite sauter les dix-huit premiers versets du chapitre 10 et reprendre
au verset 19, finissant au verset 23. Essayons de comprend ces deux blocs de
texte.
Dans le premier, l'auteur s'applique
à une interprétation particulière de la passion, de la résurrection et de
l'ascension du Christ à la lumière du culte juif au Temple de Jérusalem. Il
s'agit là d'une lecture originale, très créative, qui cherche à comprendre le
sens du mystère pascal en tant qu'accomplissement des rites de l'Ancien Testament.
L'auteur compare Jésus au grand-prêtre qui, une fois l'an, au Grand Jour du
Pardon ("Yom Kipour"), se rendait dans
l'espace le plus sacré du Temple, le "saint des saints" , isolé du reste du Temple par un voile. Là, il aspergeait le sol
avec le sang d'un taureau qu'il avait offert en sacrifice pour lui-même, ainsi
que le sang d'un bouc qu'il avait offert pour tout le peuple. Il revenait alors
vers le peuple à l'extérieur du Temple pour réciter la prière du Grand Pardon.
De fait, le rituel est beaucoup plus
compliqué, mais cette esquisse nous suffit pour comprendre les propos de l'auteur.
Celui-ci suggère que par son mystère pascal, le Christ est entré dans le vrai "saint des saints" , c'est-à-dire le ciel,
en présence de Dieu le Père. Ainsi, le sacrifice de sa propre vie prend une
valeur éternelle que les sacrifices annuels du grand-prêtre ne pouvaient avoir.
Et le sacrifice du Christ, détruisant la
puissance du péché à tout jamais, devient la source perpétuelle du pardon pour
tout le Peuple de Dieu. Lorsqu'à la fin des temps Jésus "sortira" de
ce sanctuaire pour revenir vers nous, ce ne sera pas dans le but d'intercéder
pour notre pardon, mais afin de manifester la gloire du salut qu'il nous a déjà
acquis.
Le deuxième bloc de notre lecture en
tire les conséquences: avec le Christ, comme lui, nous pouvons accéder au "saint des saints" , en présence de Dieu.
Le voile de son humanité, le Christ l'a "déchirée" dans sa
résurrection: l'humanité transformée par la puissance de l'Esprit n'est plus un
obstacle, mais un chemin vers Dieu. Déjà par le baptême, cette "eau
pure" qui a lavé notre corps, nous vivons d'une vie nouvelle: vie de foi,
de pardon et d'espérance.
Ce texte nous présente sans doute de
nombreuses difficultés à cause des références à une liturgie juive qui n'existe
plus. Il n'en est pas moins une invitation qui parle encore aujourd'hui, une
invitation au courage et à la joie, même au coeur des épreuves. Avec Jésus,
nous avons accès au Père. Grâce à Jésus, son pardon nous est assuré. En Jésus,
nous avons pleine assurance, "car il est fidèle, celui qui a promis".
L'auteur de la lettre des Hébreux
nous invite donc à voir l'ascension du Christ, non pas comme une
"séparation", mais comme une étape de notre propre transformation.
Jésus nous entraîne déjà avec lui, au-delà des apparences, dans le "saint des saints" . Notre vie est déjà
habitée par la présence divine. Alléluia!
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