Lire Galates 2, 19-21
Un bébé, c’est complètement dépendant. Il
ne peut rien faire pour lui-même, il doit tout attendre des autres : sa
nourriture, son vêtement, sa propreté, sa protection. À mesure qu’il grandit,
il apprend à prendre soin de lui-même : il s’habille, aide à préparer ses
repas, se lave et s’essuie, se défend. Rendu adolescent ou adulte, il doit
développer les ressources qui lui permettront de gagner sa vie, d’acheter sa
nourriture et ses habits, de louer ou d’acheter une résidence. Il devient de
plus en plus indépendant, autonome. Il grandit.
Pourtant, les jeunes font en même temps une
expérience parallèle qui semble contraire à cette croissance dans
l’autonomie : ils se découvrent amoureux. Ils trouvent leur bonheur à être
avec un autre, à passer du temps en sa compagnie. Ils découvrent même qu’ils
sont malheureux sans l’autre. C’est comme si l’indépendance qu’ils avaient mis
tant d’années à conquérir était devenue pour eux une source de tristesse et d'esseulement.
De la dépendance à l’autonomie à
l’interdépendance : quelqu’un a décrit ainsi le cheminement de la maturité
personnelle. On pourrait en dire autant de la maturité spirituelle.
En effet, l’humanité a vécu une époque de
totale dépendance face au divin. On s’imaginait que tout dépendait de
Dieu : la température, la santé, la fertilité, la bonne chance. On
multipliait les prières et les rites pour s’attirer la bonne volonté divine afin
que Dieu fasse arriver les événements comme on les voudrait. Mais au fil des
siècles, on a appris l’autonomie du monde. La température ne dépend pas de
Dieu, mais des courants climatologiques. La santé et la maladie sont fonction
de la nourriture et de l’exercice, des gènes et des produits toxiques. La
fertilité s’analyse et se contrôle. Et la bonne chance, comme la mauvaise
chance, n’est que le produit du hasard.
Pourtant, cette autonomie de l’humanité
nous laisse dans un état profond de solitude, d’aliénation. La vie perd son
sens, les valeurs n’ont plus de boussole. C’est alors qu’on redécouvrir Dieu,
non pas comme une figure autoritaire qui vient nous dominer, mais comme un
Autre qui vient à notre rencontre pour vivre avec nous une relation profonde et
transfigurante. On découvre l’interdépendance avec le divin. Alors, avec Saint
Paul, on peut connaître la joie de dire : « Je vis, mais ce n’est
plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. »
C’est dans cette relation-là que je me
découvre pleinement vivant. Car je ne suis fait ni pour la dépendance, ni pour
l’autonomie, mais pour la relation avec Celui qui m’a créé et m’a donné la vie.
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