mercredi 5 juin 2013

Tout un changement de perspective!

Lire Galates 1, 11-19

Vous êtes-vous déjà amusés à consulter le rayon des livres d'auto-assistance dans une librairie? Quelle profusion dans ces textes dont les auteurs prétendent tenir la clé du succès: vous n'auriez qu'à suivre tel conseil, qu'à adopter tel programme, et vous trouveriez le bonheur! Mais nous savons tous que ce n'est pas vrai. Si ça l'était, tout le monde serait déjà heureux. Non, le bonheur ne semble pas se trouver au bout d'un programme ou d'une série de trucs. Et pourtant, nous continuons tous à croire qu'avec un peu plus d'effort, un peu plus de fidélité au programme, on y arriverait. On dirait que cette mentalité est inscrite dans notre ADN.

C'est justement contre cette mentalité que s'érige Saint Paul dans sa lettre aux Galates. Dans le contexte précis qui est le sien, le programme qui l'exaspère est celui du système de lois élaborées par sa tradition religieuse juive. Il avait suivi ce programme à la lettre, il en connaissait toutes les arcanes, il s'était montré le plus minutieux de sa génération dans son observance, et pourtant... Ce programme ne lui avait pas donné une fraction de la joie et de la paix qu'il avait découvertes dans sa rencontre avec Jésus ressuscité. Cette expérience avait tout bouleversé, complètement changé sa façon de voir. Il était devenu convaincu que son bonheur ne dépendait pas de sa fidélité à l'égard de Dieu, mais de la fidélité de Dieu à son égard. Quel renversement de perspective.

Cette conviction est au coeur de l'Évangile qu'annonce Paul. Elle n'est pas le fruit de sa cogitation personnelle, ni d'une tradition de sagesse humaine, ni d'une délibération académique: elle lui vient de Celui qu'il a rencontré sur le chemin de Damas, le Christ lui-même.

Mais la conviction de Paul n'était pas partagée par tous les disciples de Jésus. Quelques-uns croyaient que Jésus était simplement venu "ajuster le système", le perfectionner un peu. Ceux-ci réduisaient l'Évangile à un nouveau livre d'auto-assistance spirituelle, une version "améliorée" de la tradition juive bien connue. Pleins de bonne volonté, ils passaient derrière Paul pour "corriger" son enseignement. Là où Paul annonçait qu'aucun effort personnel ne pouvait mener au bonheur, au salut, eux insistaient pour que les gens fassent un petit effort de plus. Là où Paul proclamait que l'amour divin devait être reçu comme un don, eux rappelaient qu'il fallait se mériter cet amour en se pliant aux exigences de la loi. Là où Paul expliquait que son enseignement venait du Christ lui-même, eux s'armaient de l'autorité de quelques chefs de la jeune Église.

Ce conflit de visions pour Paul n'était pas simplement une question de sensibilité ou de spiritualité personnelle. Pour lui, l'essence de l'Évangile était en jeu. Cela explique la véhémence de sa lettre aux Galates, le ton méchant qu'il y déploie parfois en parlant de ses opposants, le radicalisme de ses propos. Il faut comprendre que pour Paul tout s'appuie sur le moment séminal de sa rencontre de Jésus: "Cet évangile que je vous ai annoncé n'est pas de l'homme: et d'ailleurs, ce n'est pas par un homme qu'il m'a été transmis ni enseigné, mais par une révélation de Jésus-Christ."


Au fil des prochains dimanches, nous méditerons quelques autres passages de cette lettre aux Galates, essentielle pour notre compréhension non seulement de Saint Paul mais de l'Évangile lui-même.

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