Lire Galates 1, 11-19
Vous êtes-vous
déjà amusés à consulter le rayon des livres d'auto-assistance dans une
librairie? Quelle profusion dans ces textes dont les auteurs prétendent tenir
la clé du succès: vous n'auriez qu'à suivre tel conseil, qu'à adopter tel
programme, et vous trouveriez le bonheur! Mais nous savons tous que ce n'est
pas vrai. Si ça l'était, tout le monde serait déjà heureux. Non, le bonheur ne semble
pas se trouver au bout d'un programme ou d'une série de trucs. Et pourtant,
nous continuons tous à croire qu'avec un peu plus d'effort, un peu plus de
fidélité au programme, on y arriverait. On dirait que cette mentalité est
inscrite dans notre ADN.
C'est justement contre
cette mentalité que s'érige Saint Paul dans sa lettre aux Galates. Dans le contexte
précis qui est le sien, le programme qui l'exaspère est celui du système de
lois élaborées par sa tradition religieuse juive. Il avait suivi ce programme à
la lettre, il en connaissait toutes les arcanes, il s'était montré le plus
minutieux de sa génération dans son observance, et pourtant... Ce programme ne
lui avait pas donné une fraction de la joie et de la paix qu'il avait
découvertes dans sa rencontre avec Jésus ressuscité. Cette expérience avait
tout bouleversé, complètement changé sa façon de voir. Il était devenu
convaincu que son bonheur ne dépendait pas de sa fidélité à l'égard de Dieu,
mais de la fidélité de Dieu à son égard. Quel renversement de perspective.
Cette conviction
est au coeur de l'Évangile qu'annonce Paul. Elle n'est pas le fruit de sa
cogitation personnelle, ni d'une tradition de sagesse humaine, ni d'une
délibération académique: elle lui vient de Celui qu'il a rencontré sur le
chemin de Damas, le Christ lui-même.
Mais la
conviction de Paul n'était pas partagée par tous les disciples de Jésus. Quelques-uns
croyaient que Jésus était simplement venu "ajuster le système", le
perfectionner un peu. Ceux-ci réduisaient l'Évangile à un nouveau livre
d'auto-assistance spirituelle, une version "améliorée" de la
tradition juive bien connue. Pleins de bonne volonté, ils passaient derrière
Paul pour "corriger" son enseignement. Là où Paul annonçait qu'aucun
effort personnel ne pouvait mener au bonheur, au salut, eux insistaient pour
que les gens fassent un petit effort de plus. Là où Paul proclamait que l'amour
divin devait être reçu comme un don, eux rappelaient qu'il fallait se mériter
cet amour en se pliant aux exigences de la loi. Là où Paul expliquait que son
enseignement venait du Christ lui-même, eux s'armaient de l'autorité de
quelques chefs de la jeune Église.
Ce conflit de
visions pour Paul n'était pas simplement une question de sensibilité ou de
spiritualité personnelle. Pour lui, l'essence de l'Évangile était en jeu. Cela
explique la véhémence de sa lettre aux Galates, le ton méchant qu'il y déploie
parfois en parlant de ses opposants, le radicalisme de ses propos. Il faut
comprendre que pour Paul tout s'appuie sur le moment séminal de sa rencontre de
Jésus: "Cet évangile que je vous ai annoncé n'est pas de l'homme: et
d'ailleurs, ce n'est pas par un homme qu'il m'a été transmis ni enseigné, mais
par une révélation de Jésus-Christ."
Au fil des prochains
dimanches, nous méditerons quelques autres passages de cette lettre aux
Galates, essentielle pour notre compréhension non seulement de Saint Paul mais
de l'Évangile lui-même.
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