Lire Colossiens 1, 24-28
Lorsque nous essayons
d’expliquer ce que nous entendons par « Dieu », les mots viennent
difficilement, les concepts échouent et les raisonnements s’effondrent. Nous ressemblons
à une ancienne calculatrice de poche qui, confrontée à un calcul qui dépasse
ses capacités, affiche « ERREUR ». C’est pourquoi nous affirmons que
Dieu est un mystère. Pourtant, un mystère n’est pas un problème à résoudre, comme
si le concept de Dieu s’apparentait à une version un peu plus complexe de la
théorie générale de la relativité. Il faut plutôt comprendre le mystère comme une
réalité universelle dont la profondeur et le sens, même s’ils nous échappent,
ne cessent de nous interpeller. Nous sommes à la fois fascinés et dépassés par
le mystère de Dieu. Ce mystère fait signe, il nous invite à entrer dans son obscurité
afin d’en découvrir la lumière et la gloire.
Telle fut l’expérience
de Saint Paul. Avant sa rencontre avec le Christ ressuscité, sa connaissance de
Dieu était partielle et obscurcie. En acceptant la souffrance du Christ pour
lui, en acceptant l’obscurité de la Croix, Paul a pu découvrir la luminosité de
l’amour de Dieu non seulement pour lui, mais pour le monde entier. Il peut
alors se réjouir des difficultés que son ministère lui occasionne, car en s’unissant
plus intimement au Jésus souffrant, il découvre plus amplement l’amour
vivifiant de Dieu. C’est pourquoi il peut écrire ces mots étranges, mais si beaux :
« Je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce
qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre
chair, pour son corps qui est l’Église. »
Grâce aux épreuves qu’entraîne
son ministère, grâce au rejet et à la souffrance qu’il éprouve à cause de sa
foi, Paul s’approche d’une meilleure compréhension, d’une expérience plus riche
de la profondeur de l’amour même de Dieu pour tous les peuples. Voilà le « mystère »
dans lequel nous pouvons tous pénétrer : « Le Christ est au milieu de
vous, lui, l’espérance de la gloire! » Paul nous invite donc à entrer dans
ce mystère afin de connaître la plénitude de cette gloire. Voilà la grande
mission de sa vie, l’immense tâche qu’il a acceptée et pour laquelle il est
prêt à souffrir et à mourir.
Ceux et celles qui
savent vraiment ce que signifie aimer savent aussi que l’amour est souvent
coûteux et douloureux. Il exige que nous mourions à nous-mêmes afin que d’autres
puissent parvenir à une vie plus épanouie. Un parent qui souffre par amour pour
son enfant, un conjoint qui se donne entièrement pour soigner une épouse ou un
mari, un travailleur social qui pleure les douleurs d’une famille brisée, un
professionnel de la santé qui est déchiré par les ravages d’une maladie :
tous entrent dans ce sombre mystère qui, s’il est vécu dans l’amour, peut donner
accès à la lumière. Le « mystère » qui a été caché depuis tous les
temps devient alors source de sens et d’espérance.
Sans amour, les épreuves
et les douleurs de cette vie ne peuvent que nous épuiser et nous abattre. Vécus
dans l’amour, ils peuvent devenir un moyen de connaître le mystère de Dieu, d’entrer
dans ce mystère avec Jésus, d’être soutenus et renouvelés par ce mystère. Telle
fut l’expérience de Saint Paul. Puisse-t-elle aussi être la nôtre.
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