Lire Colossiens 2, 12-14
L’eau est une chose belle
et dangereuse. Sans elle, nous mourons. C’est pourquoi nous craignons le
désert, la sécheresse, la soif. D’autre part, une surabondance d’eau est dévastatrice.
C’est pourquoi nous craignons les inondations, les tempêtes en mer, un canot
renversant. Les eaux de la naissance peuvent parfois devenir les eaux de la
mort.
L’histoire de Moïse à
la tête des Hébreux fuyant l’esclavage en Égypte nous rappelle cette double
nature de l’eau. Rendus à la mer des Roseaux, ils ont d’abord vu en elle un
obstacle à la liberté. Pourtant, cet obstacle est devenu le moyen même dont
Dieu se servirait pour les mener à la liberté. En effet, l’histoire raconte que
Dieu a ouvert la mer devant les Hébreux pour qu’ils passent à pied sec. Ensuite
Dieu referma la mer sur les Égyptiens : elle est devenue pour eux un
tombeau. L’eau peut être source de vie, comme elle peut donner la mort.
Jean-Baptiste invitait
les gens à être plongés dans l’eau en signe de leur besoin d’être purifiés de
leurs péchés. Comme une résolution du Jour de l’an, le baptême de Jean permettait
à une personne d’exprimer son désir de mourir au passé pour revivre à l’avenir;
de faire une rupture nette avec hier afin de recommencer pour demain. Nous nous
rappelons de la prière du pécheur dans le Psaume 51 : « Seigneur,
lave-moi de ma faute, purifie-moi de mon péché. » Et nous nous souvenons
de la réponse du Seigneur : « Je verserai sur vous une eau pure, et
vous serez purifiés... Je mettrai en vous un Esprit nouveau... Vous serez mon
peuple, et moi, je serai votre Dieu. » (Ézéchiel 36)
Pour les chrétiens,
le baptême est encore plus que l’expression d’un besoin de purification et d’un
désir de changement. Dans sa lettre aux Romains, probablement écrite vers l’an 57,
Paul décrit le baptême comme un plongeon dans la mort du Christ, dans l’espoir
de remonter un jour avec lui vers une vie nouvelle. Avec le Christ, nous sommes
morts au péché, afin que de vivre d’amour et de grâce.
Dans sa lettre aux
Colossiens, que la plupart des spécialistes croient avoir été composée cinq ans
plus tard, la pensée de Paul a fait un pas de plus : notre résurrection serait
déjà accomplie, car par le baptême nous avons mis notre foi en Celui dont la
puissance a déjà ressuscité le Christ. Cette puissance, que nous nommons l’Esprit
de Dieu, est déjà active en nous, nous transformant à l’image du Christ, faisant
de nous les fils et filles du Père!
En réalité, la vie
chrétienne n’est qu’un long rattrapage de la réalité qui s’est déjà emparée de
nous. Le baptême n’est pas seulement un événement qui nous est arrivé dans le
passé; c’est un acte dont les conséquences, comme les vagues d’une roche jetée à
l’eau, rayonnent sur toute notre vie. Certes, il est vrai de dire : « À
telle date dans le passé, j’ai été baptisé. » Pourtant, il est encore plus
vrai d’affirmer : « En ce moment, je suis baptisé. Plus aujourd’hui qu’hier.
Moins aujourd’hui que demain. »
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