lundi 2 décembre 2013

La nuit, le jour

Lire Romains 13, 11-14


Autrefois, lorsqu’on éclairait à la chandelle ou à l’huile, la nuit revêtait des allures mystérieuses, parfois inquiétantes. Lorsque j'étais éclaireur chez les scouts, nous allions camper dans la forêt. Autour du feu de camp, on était bien. Mais dès qu'on s'en éloignait, les ténèbres qui nous entouraient nous épeuraient. On était heureux d'être plusieurs sous la tente. Une fois, j'ai dû coucher seul, et ça m'a pris bien du temps à m'endormir!

Cette nuit-là nous confronte à la vraie solitude. On ne voit rien au-delà du rayonnement de la bougie. C’est comme si notre monde se rétrécissait, se repliait sur lui-même. On se sent seul, isolé, coupé de toute relation. Le monde se réduit à mon être, je deviens le centre du monde… rien n’existe hors mon imagination, mes fantasmes, mes cauchemars.

Cette nuit-là cache toutes sortes de vices et d’activités louches: les grands crimes. On ne peut voir qui fait quoi, alors on se laisse aller à des actes qu’on ne poserait jamais au grand jour. Rien ni personne ne retient les passions. C’est le temps des vols à mains armées, des bris et infractions, des meurtres. On hésite à marcher dehors, une fois le soleil couché.

Cette nuit-là est mensongère. Elle promet le plaisir, mais elle tue la joie. Elle promet le pouvoir, mais épuise l’élan. Elle promet le monde, mais elle coupe de tout et de tous. On se réveille triste, épuisé, seul.

Cette nuit-là est symbole d’une façon d’être qui, de fait, nous empêche d’être. Paul nous rappelle que le Christ est venu nous arracher à ce genre de nuit et de cauchemar. Le Christ est la lumière qui brille au fond de la nuit, celui qui porte la lumière au cœur des ténèbres, afin d’ouvrir nos yeux sur la réalité et nous faire voir, tout près de nous, nos sœurs et nos frères qui nous tendent les bras.


Cette nuit-là, il faut la quitter. Il faut croire à l’aurore, marcher vers le jour, vivre au grand soleil. En ces premières soirées d’Avent, contemplons chaque petite lumière colorée qui scintille sur les perrons et dans les arbres. Voyons-y des rappels, des signes de cette vérité profonde : Christ est venu nous arracher des ténèbres pour nous faire vivre dans la lumière. Avançons vers Noël comme on avance vers le jour.


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