« Ah, que les lignées aux
caisses sont lentes. J’ai des desserts à préparer à la maison pour le temps des
fêtes. Et les cartes de souhaits qui attendent à être envoyées. Et les enfants
qui n’en finissent plus de me demander combien de dodos avant Noël. Seigneur,
donne-moi de la patience... et donne-la-moi tout de suite! »
Chère patience, qui se laisse
désirer. Patienter c’est se laisser apprivoiser par le temps. Car le temps a
son rythme qu’il faut respecter, voire épouser. On aimerait pouvoir contrôler
le temps, l’organiser. Tout le monde a des agendas aujourd’hui, même les
enfants. En plus, il faut profiter du temps qui passe, ne pas en gaspiller un
moment. Pourtant, il semble qu’on n’en a jamais assez… sauf lorsqu’il y en a
trop. Alors, le temps traîne, c’est bête, c’est ennuyant : si les vacances
peuvent bien arriver; si Noël était là.
Comme il est difficile
d’attendre patiemment l’arrivée d’une joie ardemment désirée. Il est pourtant
encore plus difficile d’attendre avec patience la fin d’une épreuve. Une
maladie passagère, une série d’examens, une partie de hockey désastreuse, un
repas avec quelqu’un qu’on endure difficilement, ah! si ça peut donc finir.
Cette patience-là, elle est encore plus exigeante, plus fragile. Si l’épreuve
dure trop longtemps, on risque de perdre la tête, de craquer.
Et que dire de ces épreuves qui
n’ont pas de fin : la maladie chronique, un handicap irréversible, la fin
d’une relation, la mort d’un être cher. On n’en sort pas, de ces épreuves.
Est-il encore possible d’être patient au cœur de ces difficultés?
Oui, mais à deux conditions.
D’abord, il faut croire que cette épreuve, même si elle semble sans fin, n’aura
pas le dernier mot. Le chrétien, la chrétienne sont habités par cette sorte
d’espérance qui croit que l’amour vaincra en fin de compte, que la vie
triomphera éventuellement de la mort. Peut-être cela ne se réalisera-t-il pas
demain ni le jour après… mais un jour, lorsque le Christ aura tout rassemblé en
lui, nous verrons la victoire de l’amour, la victoire de la vie.
Mais — et voilà la deuxième condition
— cette espérance doit rejaillir sur l’aujourd’hui de notre épreuve ou de notre
souffrance en lui donnant un sens. Peut-être ce sens est-il mystérieux,
peut-être n’arrivons-nous pas à le nommer, mais nous y croyons. Nous nous
unissons à Jésus sur la croix, nous communions à sa souffrance, afin que la
nôtre se trouve amplifiée, élargie, prise dans une histoire qui mène à la
résurrection.
Voilà la patience à laquelle
saint Jacques nous invite. « Ayez de la patience. Voyez le
cultivateur : il sait attendre les produits précieux de la terre avec
patience. Prenez pour modèles de patience les prophètes » qui ont enduré
l’épreuve et le martyre.
Mettons-nous donc à l’école du
temps, et apprenons la patience lentement, doucement, dans les longues files
aux caisses des magasins, dans l’envoi des innombrables cartes de souhaits,
dans la préparation sans fin des repas de fête… même dans le décompte des dodos
des enfants. Car cette patience quotidienne nous apprendra à attendre
patiemment le Jour qui n’aura pas de fin.
Bonne réflexion sur la patience mais je crois qu'on est dans l'année A.
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