jeudi 3 mai 2012

Pourquoi prier?

Lire I Jean 3,18-24

Je me rappelle bien la douleur de cet homme qui me confiait : « Ma mère était mourante. J’étais en route pour la voir et je priais Dieu de la garder en vie jusqu’à ce que je puisse lui faire mes adieux. Mais elle est décédée une heure avant que je n’arrive. Moi, je suis engagé dans ma paroisse, fidèle à l’enseignement de l’Église, présent à la messe tous les dimanches. Pourquoi Dieu n’a-t-il pas répondu à ma prière? »

Il me semble que nous connaissons tous l’expérience désolante de prier sans obtenir de réponse. Voilà d’ailleurs pour bien des gens une épreuve qui les détourne de la foi : à quoi bon mener une vie religieuse si Dieu ne répond pas, s’il n’exauce pas ma prière?

Pourtant, dans notre texte d’aujourd’hui, saint Jean dit bien : « Tout ce que nous demandons à Dieu, il nous l’accorde, parce que nous sommes fidèles à ses commandements. » N’y a-t-il pas une contradiction entre cette affirmation et l’expérience de tant de croyants et de croyantes qui n’ont pas reçu de réponses à leurs prières?

Voici, il me semble, le nœud du problème : on oublie que la fidélité à Dieu et à ses commandements dont parle saint Jean doit transformer tout notre être, y inclus notre prière. Trop souvent, les besoins que nous exprimons dans nos prières n’ont pas été transformés par notre recherche de la volonté de Dieu. C’est comme si je priais : « Que MA volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Et je m'imagine que tant que j’obéis extérieurement aux commandements de Dieu, Dieu devra faire ma volonté. Comme s’il s’agissait de changer la volonté de Dieu, d’accorder sa volonté à la mienne.

Alors que la vie chrétienne, c’est justement le contraire. Il s’agit d’accorder notre propre volonté à celle de Dieu. Comme Jésus à Gethsémani : « Père, éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »

C’est pourquoi notre prière elle-même doit être transformée et purifiée. Certes, on peut toujours exprimer nos souffrances et nos désirs à Dieu. Mais la prière chrétienne ne peut s’arrêter là, en pensant que Dieu va simplement soulager telle souffrance ou répondre à tel désir. La prière chrétienne doit pousser plus loin : « Dans ma souffrance, face à mon désir, Seigneur, que veux-tu que je fasse? » Dans ma prière, je dois creuser ma fidélité devant le Seigneur en cherchant sa volonté au cœur de ce que je vis. Voilà pourquoi saint Jean continue en nous rappelant que nous devons faire « ce qui lui plaît. »

Et encore plus : « Celui qui est fidèle demeure en Dieu, et Dieu en lui. » Voilà le fruit ultime de toute prière : la communion avec Dieu qui est amour, et le partage de cet amour autour de nous dans son Esprit. Être chrétien, cela veut aussi dire prier en chrétien, prier autrement. Que l’Esprit nous aide à prier comme Jésus.

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