Lire I Jean 3,18-24
Je me rappelle
bien la douleur de cet homme qui me confiait : « Ma mère était
mourante. J’étais en route pour la voir et je priais Dieu de la garder en vie
jusqu’à ce que je puisse lui faire mes adieux. Mais elle est décédée une heure
avant que je n’arrive. Moi, je suis engagé dans ma paroisse, fidèle à
l’enseignement de l’Église, présent à la messe tous les dimanches. Pourquoi
Dieu n’a-t-il pas répondu à ma prière? »
Il me semble que
nous connaissons tous l’expérience désolante de prier sans obtenir de réponse. Voilà
d’ailleurs pour bien des gens une épreuve qui les détourne de la foi : à
quoi bon mener une vie religieuse si Dieu ne répond pas, s’il n’exauce pas ma
prière?
Pourtant, dans
notre texte d’aujourd’hui, saint Jean dit bien : « Tout ce que nous
demandons à Dieu, il nous l’accorde, parce que nous sommes fidèles à ses
commandements. » N’y a-t-il pas une contradiction entre cette affirmation
et l’expérience de tant de croyants et de croyantes qui n’ont pas reçu de
réponses à leurs prières?
Voici, il me
semble, le nœud du problème : on oublie que la fidélité à Dieu et à ses
commandements dont parle saint Jean doit transformer tout notre être, y inclus notre prière. Trop souvent, les
besoins que nous exprimons dans nos prières n’ont pas été transformés par notre
recherche de la volonté de Dieu. C’est comme si je priais : « Que MA
volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Et je m'imagine que tant
que j’obéis extérieurement aux commandements de Dieu, Dieu devra faire ma
volonté. Comme s’il s’agissait de changer la volonté de Dieu, d’accorder sa
volonté à la mienne.
Alors que la vie
chrétienne, c’est justement le contraire. Il s’agit d’accorder notre propre
volonté à celle de Dieu. Comme Jésus à Gethsémani : « Père, éloigne
de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
C’est pourquoi
notre prière elle-même doit être transformée et purifiée. Certes, on peut
toujours exprimer nos souffrances et nos désirs à Dieu. Mais la prière chrétienne
ne peut s’arrêter là, en pensant que Dieu va simplement soulager telle souffrance
ou répondre à tel désir. La prière chrétienne doit pousser plus loin :
« Dans ma souffrance, face à mon désir, Seigneur, que veux-tu que je fasse? »
Dans ma prière, je dois creuser ma fidélité devant le Seigneur en cherchant sa
volonté au cœur de ce que je vis. Voilà pourquoi saint Jean continue en nous
rappelant que nous devons faire « ce qui lui plaît. »
Et encore
plus : « Celui qui est fidèle demeure en Dieu, et Dieu en lui. »
Voilà le fruit ultime de toute prière : la communion avec Dieu qui est
amour, et le partage de cet amour autour de nous dans son Esprit. Être
chrétien, cela veut aussi dire prier en chrétien, prier autrement. Que l’Esprit
nous aide à prier comme Jésus.
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