lundi 12 août 2013

De l'indicatif jaillit l'impératif

Lire Colossiens 3,1-11

L’étude de la grammaire à l’école primaire m’a appris la différence entre les modes indicatif et impératif. Le premier, comme son nom le dit, « indique » la façon d’être des choses. On s’en sert pour décrire, annoncer, raconter : « Vous chantez. Ils ont parlé. Tu t’enfuiras. » Le second sert à diriger, à commander, à contraindre : « Chantez! Parlez! Sauve-toi! »

Les lettres de Paul sont habituellement divisées en deux parties. Dans la première, Paul enseigne, proclame et explique. On peut dire qu’il s’agit de Paul « à l’indicatif ». La seconde partie de ses lettres cède la place à l’impératif : il commande, ordonne et dirige. Les lecteurs de Paul doivent toujours se rappeler que cette seconde partie de ses lettres trouve sa source dans la première. Ses commandements et orientations sont comme la conséquence de la Bonne Nouvelle qu’il a proclamée dans la première partie. 

Trop souvent, les chrétiens se concentrent sur la seconde partie des lettres. Ils ont tendance à rechercher le permis et le défendu de la morale chrétienne. Trop souvent, les non-chrétiens ne voient dans le christianisme que cette liste étouffante de règles et de commandements. Pourtant, le cœur de la vie chrétienne se trouve dans la Bonne Nouvelle, proclamée dans la première partie des lettres de Paul. Sans cette Bonne Nouvelle, la vie morale à laquelle sont appelés les chrétiens n’est qu’une coquille vide, parfois même une camisole de force. 

Dans la première partie de sa lettre aux Colossiens, Paul a enseigné à ses lecteurs que le Christ a conquis toutes les puissances de ce monde et que ses disciples partagent cette victoire. Maintenant, dans la seconde partie, il leur explique comment vivre à partir de cette victoire, dans la vraie liberté. Il leur montre comment grandir dans la puissance du Christ et comment puiser dans cette énergie pour être libéré de tout esclavage. Lorsque nous tenons en tête la première partie de la lettre, la seconde devient une joyeuse invitation à vivre pleinement, profondément et librement! 

Une remarque : Paul oppose ici « les choses du ciel » avec « celles de la terre ». Nous avons tendance à penser qu’il nous invite à nous détourner de la réalité « profane » pour nous concentrer sur le « sacré ». Une telle interprétation ne correspond pas à la pensée de Paul. Cette division entre le profane et le sacré ne vient pas de lui, mais de nous. Et cette division tend à dévaluer la réalité de notre vie quotidienne, notre travail et nos loisirs, comme si seules les activités « religieuses » auraient une réelle valeur. 

Pourtant, il existe une façon de travailler et de jouer qui rend ces activités à la fois belles, utiles et sacrées. Nos rencontres quotidiennes avec les autres peuvent être remplies de la présence de Dieu. Bien sûr, ils peuvent aussi nous éloigner de Dieu : tout se trouve dans la façon dont nous abordons la vie. 

Quand Paul nous invite à « faire mourir en vous ce qui appartient à la terre », il ne nous demande pas d’arrêter de gagner notre vie, de profiter des bonnes choses de la terre ou d’aimer les autres. Il nous demande de le faire d’une manière qui ouvre notre réalité quotidienne à la puissance de l’Esprit du Christ. Voilà comment tendre vers « les réalités d’en haut ». Découvrir le secret de cet élan de l’Esprit permet au Christ d’être « Tout en tous »!

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