Lire Colossiens 3,1-11
L’étude de la
grammaire à l’école primaire m’a appris la différence entre les modes indicatif
et impératif. Le premier, comme son nom le dit, « indique » la façon d’être
des choses. On s’en sert pour décrire, annoncer, raconter : « Vous
chantez. Ils ont parlé. Tu t’enfuiras. » Le second sert à diriger, à commander,
à contraindre : « Chantez! Parlez! Sauve-toi! »
Les lettres de Paul
sont habituellement divisées en deux parties. Dans la première, Paul enseigne,
proclame et explique. On peut dire qu’il s’agit de Paul « à l’indicatif ».
La seconde partie de ses lettres cède la place à l’impératif : il
commande, ordonne et dirige. Les lecteurs de Paul doivent toujours se rappeler que
cette seconde partie de ses lettres trouve sa source dans la première. Ses commandements
et orientations sont comme la conséquence de la Bonne Nouvelle qu’il a proclamée
dans la première partie.
Trop souvent, les chrétiens se concentrent sur la seconde
partie des lettres. Ils ont tendance à rechercher le permis et le défendu de
la morale chrétienne. Trop souvent, les non-chrétiens ne voient dans le
christianisme que cette liste étouffante de règles et de commandements.
Pourtant, le cœur de la vie chrétienne se trouve dans la Bonne Nouvelle,
proclamée dans la première partie des lettres de Paul. Sans cette Bonne
Nouvelle, la vie morale à laquelle sont appelés les chrétiens n’est qu’une
coquille vide, parfois même une camisole de force.
Dans la première partie de
sa lettre aux Colossiens, Paul a enseigné à ses lecteurs que le Christ a
conquis toutes les puissances de ce monde et que ses disciples partagent cette
victoire. Maintenant, dans la seconde partie, il leur explique comment vivre à
partir de cette victoire, dans la vraie liberté. Il leur montre comment grandir
dans la puissance du Christ et comment puiser dans cette énergie pour être libéré
de tout esclavage. Lorsque nous tenons en tête la première partie de la lettre,
la seconde devient une joyeuse invitation à vivre pleinement, profondément et
librement!
Une remarque : Paul oppose ici « les choses du ciel »
avec « celles de la terre ». Nous avons tendance à penser qu’il nous invite
à nous détourner de la réalité « profane » pour nous concentrer sur le
« sacré ». Une telle interprétation ne correspond pas à la pensée de
Paul. Cette division entre le profane et le sacré ne vient pas de lui, mais de
nous. Et cette division tend à dévaluer la réalité de notre vie quotidienne,
notre travail et nos loisirs, comme si seules les activités « religieuses »
auraient une réelle valeur.
Pourtant, il existe une façon de travailler et de
jouer qui rend ces activités à la fois belles, utiles et sacrées. Nos rencontres
quotidiennes avec les autres peuvent être remplies de la présence de Dieu. Bien
sûr, ils peuvent aussi nous éloigner de Dieu : tout se trouve dans la
façon dont nous abordons la vie.
Quand Paul nous invite à « faire mourir
en vous ce qui appartient à la terre », il ne nous demande pas d’arrêter de
gagner notre vie, de profiter des bonnes choses de la terre ou d’aimer les
autres. Il nous demande de le faire d’une manière qui ouvre notre réalité
quotidienne à la puissance de l’Esprit du Christ. Voilà comment tendre vers « les réalités d’en haut ». Découvrir le secret de cet
élan de l’Esprit permet au Christ d’être « Tout en tous »!
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