Le Secrétariat du Synode a assigné les lieux de résidences aux évêques participants. Je découvre celle-ci pour la première fois. Elle fait partie d'un complexe universitaire que le Vatican a construit au fil des siècles pour la formation spécifique des prêtres de ce qu'on appelait autrefois les 'pays de mission': l'Afrique, l'Asie et l'Océanie. De fait, la vingtaine d'évêques qui résident ici proviennent pour la majorité de ces pays. Au déjeûner, j'ai conversé avec Benjamin Ndiaye, évêque de Kaolack au Sénégal, où les chrétiens forment à peine 1% de la population, noyés dans une mer musulmane; avec Samuel Kleda, archevêque de Douala au Cameroun, qui s'inquiète de la corruption et de la cupidité des classes dirigeantes de sa région; et avec Ignatius Kaigama, archevêque de Jos au Nigéria, aux prises avec le terrorisme du groupe Boko Haran. Je prends rapidement conscience de l'universalité de notre Église catholique; de la diversité des expériences culturelles, politiques et économiques qui nous marque; du point de vue très particulier - et minoritaire - qu'est le mien, venant de l'Amérique du Nord riche, sécularisée et libérale. Nos perspectives sur les 'défis pastoraux de la famille' sont plurielles, nos préoccupations diverses. Je crois que nous allons vivre une rencontre internationale dans le sens profond du mot durant les prochains jours.
L'événement qui nous as réunis en ce jour festif et comme préliminaire du Synode, c'est la messe autour du Pape François. Dans une homélie courte et saisissante comme il sait les faire, il a fait le parallèle entre l'évangile du jour et notre synode. Jésus y présente la parabole de la vigne, dont les gestionnaires cherchent à contrôler le profit à l'encontre du projet du maître. Suivant la vieille tradition des psaumes et des prophètes, Jésus rappelle que la vigne, c'est le Peuple de Dieu. Le maître, c'est Dieu lui-même, qui cultive son Peuple «avec un amour patient et fidèle, pour qu’il devienne un peuple saint, un peuple qui porte beaucoup de fruits de justice». Et les gestionnaires? Aujourd'hui, ce sont un peu nous, les évêques. La question qui tue: sommes-nous comme les gestionnaires de la parabole, trahissant le rêve du maître par cupidité ou par orgueil pour en faire ce que nous en voulons? Le Pape poursuit: «Nous pouvons "décevoir" le rêve de Dieu si nous ne nous laissons pas guider par l’Esprit Saint. Que l’Esprit nous donne la sagesse qui va au-delà de la science, pour travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité.»
Amour du peuple, sagesse, liberté et créativité: voilà des mots-clés à retenir alors que nous entrons en synode. J'espère de tout coeur que ces mots caractériseront notre travail des prochains jours!
Cher Mgr,
RépondreEffacerMerci de nous faire vivre cet événement ecclésial au jour le jour! Merci de prendre le temps de le faire !
Je m'appelle Moïse Adekambi, un prêtre du Bénin, en mission au diocèse de Gaspé auprès de Mgr Jean Gagnon.
Vous voudriez bien me saluer vos confrères Mgr Benjamin N'diaye, Samuel Kleda et Ignatius Kaigama, que je connais par ma formation, mon ministère passé et l'amitié.
Nous prions pour vous.