mardi 14 octobre 2014

Synode - Jour 7

J'ai vécu aujourd'hui un beau moment d'Église. Une vingtaine de cardinaux, d'évêques et de prêtres de partout dans le monde, assis avec trois couples pendant six heures, à retravailler les divers points soulevés par la ' relatio post-disceptationem '. J'ai été frappé par la qualité des interventions, l'intensité de l'écoute mutuelle, la confrontation des expériences et des cultures et la grande variété des questions discutées. J'ai admiré l'effort soutenu de faire dialoguer la sagesse séculaire de l'Église avec le monde contemporain. La vision profondément humanisante de l'Évangile habite les participants à ce Synode. 

Comment avons-nous travaillé? Simplement en prenant le texte numéro par numéro et en réagissant à partir de nos préoccupations, de nos enthousiasmes, de nos convictions. La confrontation des idées permet d'arriver à une formulation où chacun se retrouve. 

J'admire le travail de notre modérateur, le Cardinal Schönborn de Vienne, qui permet à chacun et à chacune de s'exprimer librement et avec respect, tout en assurant que nous avancions efficacement... car il faut aller jusqu'au bout du texte. Notre secrétaire, Monseigneur Léonard de Bruxelles, manifeste un talent exceptionnel de synthèse et un sens d'humour fin et taquin. 

Demain, nous discuterons les modifications au texte qui auront été préparées par Mgr Léonard à partir de nos propositions. Quelques-uns parmi nous présenterons aussi quelques paragraphes sur des thèmes qui n'ont pas été assez développés dans le texte. Moi-même, je préparerai quelque chose sur l'impact de l'internet sur nos familles, un thème qui me tient à coeur. Un petit travail que je dois faire avant de me coucher ce soir. 

Et sur ce, je vous souhaite bonne nuit.

P.S.: Petite coquille sur mon blogue hier soir. J'aurais dû parler de la béatification de Paul VI dimanche prochain, non de sa canonisation. Merci aux amis qui me l'ont fait remarquer.

6 commentaires:

  1. Mgr. Durocher. Merci de votre participation au synode. Je suis préoccupée par le ton du relatio. Bien que je veux qu'on accorde la bienvenue à des gens qui se sentent marginalisés, je crois que sans une ré-affirmation de la doctrine de l'Église, les média et certains gens qui loin de l'Église vont mal comprendre le document-- ils vont le prendre comme un abandon de la doctrine, et ça va créer des fausses attentes, et ça va miner à l'effort de l'Église. On est aussi bien d'être franc "up front" et tout mettre sur la table-- l'approche pastorale accordante ET réaffirmation de l'enseignement-- pour ne pas créer de blessures futures. Une des choses qui sabote l'effort de l'Église c'est des fausses attentes. J'ai l'impression qu'on revit Vatican II. Vatican II, lorsqu'on lit les documents dans la continuité, c'est bien. Mais on connaît la suite de cet événement, on a interprêté ce Concile comme une cassure, comme un abandon de la doctrine au lieu d'une réaffirmation positive de la foi.

    On parle beaucoup d'administrer la communion aux divorcés-remariés. Mais une chose j'ai l'impression qu'on oublie c'est que la chaire de Jésus, ce n'est pas juste l'Eucharistie, mais c'est son enseignement. Il est La Parole. Les gens ont autant besoin la viande de la parole que l'Eucharistie. L'Eucharistie à part de l'enseignement, c'est un non-sens. Je n'ai pas de crainte qu'on permette les divorcés-remariés reçoivent l'Eucharistie sans un régularisation de leur situation, mais je crains que l'approche pastorale peut leur donner l'impression qu'ils peuvent continuer dans leur péché-- et ça va de même d'autres groupes. Je ne veux pas qu'on leur tombe dessus, ils ont vécu des situations difficiles, mais en même temps, certains veulent continuer à vivre dans leur conception erronée de la foi. C'est une route dangereuse qui peut mener en Enfer (voilà un autre sujet qu'on a tendance à éviter, m'enfin!). L'approche pastorle ne doit pas miser *juste* sur l'accueil et l'accommodation (aussi important qu'ils soient) mais de *corriger*. On a tendance à penser que la correction c'est méchant, mais accueillir les gens sans les corriger, c'est le contraire de la miséricorde. Pis des fois en faisant la correction, il faut être un peu franc. Je trouve qu'on manque de franchise dans cette église. Ce manque de franchise induit les gens en erreur. On ne veut pas blesser les gens, c'est normal, c'est bien, mais vaut mieux blesser les sentiments dans cette vie que les laisser faire et compromettre leur destin éternel. En fait, j'écrirais de façon encore plus franc, dans notre Église, c'est mal vu de dire les choses comme elles sont. J'espère que vous accepterez cette intervention dans l'Esprit dans lequel ll a été écrite. Merci.

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    1. Bonsoir Suzanne, Mgr Durocher et aux autres lecteurs/lectrices du blogue.

      Je ne réponds normalement jamais à un commentaire dans un blogue, car trop souvent cela ne conduit qu'à "un dialogue de sourds". Je me permets cependant de répondre à Suzanne en toute amitié et en toute franchise, car j'espère que nous pouvons en Église partager des points de vue différents tout en nous efforçant de suivre le même Jésus et en cherchant l'inspiration du même Esprit.

      J'ai consacré toute ma vie à essayer de vivre, le mieux ou le moins mal possible, les appels de l'Évangile. Et pourtant, si je devais appliquer ce que Suzanne propose, je serais non seulement un pécheur (nous le sommes tous: même le pape François se présente comme tel) mais un hérétique destiné à l'enfer. Car non seulement j'ai divorcé d'avec une femme avec qui j'ai partagé plus de 30 ans de mariage et d'engagement au nom de l'Évangile, mais nous avons même divorcé, d'un commun accord, par fidélité à l'Évangile au meilleur de notre conscience (pour plus de détails, voir mes deux premiers commentaires du Jour 4). Je vis, sans être marié ni civilement, ni religieusement, avec une nouvelle compagne depuis plus de 5 ans. Je n'ai jamais cessé de participer à l'eucharistie (y compris de communier) et de m'impliquer très activement des mes diverses communautés chrétiennes (à Montréal et en région). Et je ne me sens absolument pas en "état de péché" (ni véniel, ni mortel) en raison de ces comportements: j'ai bien d'autres failles et "manques d'amour" bien plus importants dans ma vie qui font de moi un pécheur...

      (à suivre dans le prochain commentaire...)

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    2. (suite de la réponse précédente à Suzanne...)

      Je crois profondément que Dieu est Amour, de toute éternité, et que c'est l'essentiel de la Bonne Nouvelle que Jésus est venu annoncer il y a 2000 ans en le payant du prix de sa vie.

      C'est cet Amour qui s'est peu à peu estompé, jusqu'à trop souvent disparaître, dans notre Église au fur et à mesure que les "règles" et les "jugements" ont remplacé l'Appel inlassablement miséricordieux de Dieu aux pauvres, aux infirmes, aux prostituées, aux prisonniers (qui, en principe, s'ils sont en prison, ont fait quelque chose de mal), etc.

      Et c'est parce que cet Amour infini pour les humains, "les hommes et les femmes de ce temps" (pour reprendre les termes de Vatican II, est réapparu à la surface, est redevenu visible et audible à l'occasion de Vatican II que tant d'hommes et de femmes, qui s'étaient éloignés de l'Église, ont retrouvé espoir dans l'Amour de Dieu.

      C'est exactement pour la même raison que tant de gens (et de médias, oui, les "méchants médias" qui risquent de tout comprendre de travers, mais qui sont l'écho de la majorité des humains qui ont pris des distances avec l'Église catholique, quand ce n'est pas avec toutes les Églises et les religions) ont réagi avant tant d'agréable surprise et d'espoir à la Relatio rendue publique lundi matin le 13: parce que pour une trop rare fois, venant de l'Église (et non pas seulement du pape François), on entendait une parole d'ouverture, de respect de la diversité des situations, et même de reconnaissance de la possible présence de l'Esprit (les "semences du Verbe" dont parle la Relatio après Vatican II) dans des situations "irrégulières" ou imparfaites.

      Chère Suzanne, que je ne connais pas et avec laquelle j'ai beaucoup de points de vue différents, j'espère qu'à l'occasion de ce Synode, nous allons trouver une façon de nous sentir tous deux membres (imparfaits) de la même Église, acceptant d'avoir des expériences très différentes de Dieu et de ses appels à l'Amour, et essayant d'apprendre tous deux l'un de l'autre les forces et les richesses qui manquent à notre propre expérience.

      Bien sûr, un tel apprentissage du respect des différences et des complémentarités ne se fera pas sans efforts ni sans débats parfois vigoureux. Mais qui suis-je, moi, pour prétendre "avoir raison", y compris au plus intime de ma relation spirituelle avec Dieu (à ce sujet, j'ai écrit deux textes sur mon site sur "Apprendre à dépasser le "qui a raison": voir www.dominiqueboisvert.ca).

      Et j'espère que les participants au Synode (merci encore Mgr Durocher de nous faire partager le travail des "petites équipes linguistiques de cette semaine), ne souffleront pas sur la bougie qu'ils viennent à peine d'allumer et qui a suscité un grand espoir dans les ténèbres de notre monde.

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    3. Je ne juge pas votre âme, je n'y connais rien.

      Vous avez parler de l'appel de Dieu aux pauvres et aux marginalisés.

      C'est quoi cet appel?

      Est-ce que c'est de vivre "selon sa conscience"?

      On n'a pas besoin de l'Église ou de la Révélation de Dieu de vivre selon sa conscience.

      L'appel de Dieu, c'est de former sa conscience selon sa Révélation.

      Quelle est cette révélation?

      Mt 19, 9

      "Or je vous dis que celui qui répudie sa femme, si ce n'est pour adultère, et en épouse une autre, commet un adultère. "

      Plus tard dans le chapître, un homme riche lui interroge:

      Et voici que quelqu'un, l'abordant, dit : " Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle? " 17Il lui dit : " Pourquoi m'interroges-tu sur (ce qui est) bon? Un seul est le bon. Que si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. " 18Il lui dit : " Lesquels? " Jésus dit : " C'est : Tu ne tueras point; tu ne commettras point l'adultère; tu ne déroberas point; tu ne porteras point de faux témoignage; 19honore ton père et ta mère, et : tu aimeras ton proche comme toi-même. "


      Tu ne commetras pas l'adultère. Jésus a bien défini un aspect de l'adultère: le remarriage après le divorce.

      Éviter l'adultère, c'est un critère de la vie éternelle.

      Je n'invente rien, c'est Jésus, l'Amour lui-même qui l'a dit.

      L'ouverture de l'Église est envers les personnes. Et non pas envers le péché.

      Le problème, c'est que bien des gens ne veulent pas changer. Ils veulent changer l'enseignement de l'Église pour conformer aux pratiques des gens.

      Mais ce n'est pas ça, la Révélation de Jésus.

      Il exige qu'on se conforme à lui, lui est amour.

      Jésus, étant Dieu, savait que son message aurait été mal reçu. Les gens ont dit "si c'est votre enseignement, vaut mieux pas se marier".

      Les gens avaient les mêmes réactions qu'aujourd'hui.

      Et il savait d'avance la réaction.

      Mais il l'a préché pareil. Parce que cet enseignement correspond à la nature de l'Amour. L'amour et de nature éternelle. Le mariage est supposé refléter la nature de l'amour. C'est le sacrement du mariage.

      La mission de l'Église, c'est de prêcher cet amour, le proposer, et inviter les gens à repentir pour se conformer à ce modèle. C'est de transmettre la Révélation d'Amour de Dieu.

      L'enseignement sur le mariage n'est pas une règle humaine, c'est bel et bien une révélation sur la nature de l'Amour.

      C'est pour ça que Jésus l'exige. Jésus a dit que ceux qui l'amaient garderaient ces commandements. Ses commandements ne sont pas des fardeaux, des critères bureaucratiques pour plaire à des fonctionnaires. Ses commandements sont l'Amour lui-même.

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  3. Very glad that you are part of this committee your grace!

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