La retraite des évêques du Québec continue cet après-midi avec une conférence sur la question de Jésus: "Combien de pains avez-vous?" Cette question, il la posa aux apôtres lorsqu'ils ont été confrontés à une foule qui n'avait pas de nourriture. Notre prédicateur, le Père Ranchi, nous invite à nous poser cette question de façon très sérieuse. Voici quelques-un de ses propos.
Certaines personnes meurent de faim. Pour elles, Dieu ne peut qu'avoir la forme d'un pain. Et surtout pas d'un pain métaphorique.
Face à la faim du monde, Jésus demande à ceux qui ont été nourris de nourrir ceux qui ont faim.
Une règle biblique: ce qu'est Dieu en lui-même devient pour l'être humain un commandement. Dieu est vivant: notre premier commandement est donc d'être des vivants! Et l'Église doit protéger la vie sous toutes ses formes.
On apprend à vivre en regardant vivre nos parents. Les gens regardent vivre l'Église... apprennent-ils ainsi à vivre?
Le récit de la multiplication des pains est raconté six fois dans les évangiles. C'est dire son rôle fondamental pour les disciples du Christ.
Avant de répondre à la question "Combien de pains avez-vous", Jésus invite ses apôtres à aller vérifier, à aller voir. Encore aujourd'hui, il nous demande "Combien d'argent avez-vous, combien de voitures, combien de joyaux, allez voir?" Il pose cette question à ses disciples mais aussi à l'Église. Il nous invite à la transparence, comme lui-même est transparent.
Trop souvent, l'Église est évasive sur les questions économiques, et cela blesse le peuple. Un clergé attaché à l'argent, un clergé pédophile, voilà les deux grands scandales de l'Église. Ce qui illumine et encourage, c'est une Église qui partage avec les pauvres. Ce que l'Église possède devrait devenir sacrement de communion.
Jésus donne du pain... il ira jusqu'à se faire pain pour ses disciples.
Nous devons l'imiter. Le geste ultime sera de se donner soi-même comme un morceau de pain pour faire vivre les autres.
Les cinq pains de l'Évangile font penser aux cinq petites pierres dans la main de David pour affronter Goliath... N'oublions pas qu'il venait de se départir de l'armure et de l'épée, car il ne pouvait marcher avec tous ces biens. Il s'est dépouillé, ne gardant que cinq pierres - et sa confiance en Dieu - et il a vaincu l'ennemi. Comme Église, nous aussi nous devons nous débarrasser de ce qui nous empêche d'avancer.
Il ne s'agit pas de se mortifier, mais d'aimer la liberté. Le choix de David n'est pas par ascèse, c'est une nécessité qui s'impose s'il veut pouvoir agir. La plante aussi doit être taillée si elle veut porter beaucoup de fruit! Qu'est-ce que je dois émonder en moi? Qu'est qui doit être émondé dans l'Église?
Mère Teresa de Calcutta: "Tout ce qui ne sert pas alourdit."
Que puis-je faire avec mes cinq pains et mes deux poissons devant la faim du monde? Simplement les partager. Car le miracle n'est pas la multiplication du pain, mais le coeur qui se desserre et accepte de partager. Le miracle, c'est le pain qui passe de main en main. Si quelqu'un avait retenu le pain pour soi, le miracle se serait arrêté.
Le pain que je garde pour moi est une réalité matériel. Le pain que je partage avec un autre devient une réalité spirituelle. Le pain prend un autre sens!
Les gens pratiques disent: "Renvoyez-les." Mais Jésus ne renvoie personne. Jésus ne veut rien d'autre que d'être entouré de gens et de partager avec eux la nourriture. Et lorsqu'il est parti, il a laissé à ses disciples ce grand sacrement du rassemblement.
Ce n'est pas l'Église qui fait la charité, c'est la charité qui fait l'Église.
Il ne faut pas que les ministres de l'Église délèguent à d'autres le ministère de la charité, ils doivent en être les premiers pratiquants.
Voici une photo de la statue de Jésus qui nous accueille au Centre du Divin Maître.
J'adore cette phrase: Ce n'est pas l'Église qui fait la charité, c'est la charité qui fait l'Église.
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