jeudi 27 avril 2017

"Ad limina" 6 - Partie I

Ce matin, méditation sur le pardon à partir du récit de la femme prise en adultère (Jean 8, 1-11), en s'arrêtant particulièrement à la question que Jésus lui pose : "Femme, où sont-ils? Personne ne t'a condamnée?" Voici quelques phrases glanées au long de la conférence du Père Ranchi.

Où sont-ils, ceux qui aiment accuser, abaisser les autres? Ceux qui pensent donner gloire à Dieu en éliminant ses enfants pécheurs? Ceux qui construisent les bûchers pour protéger la vérité? Ceux qui se servent d'un passage de l'Évangile, d'un discours d'un pape, pour lapide un autre? Est-ce que je fais partie de ceux-là?

Pendant des siècles, on a refusé d'intégrer ce texte dans les évangiles. La plupart des Pères de l'Église l'ont ignoré. Ce n'est qu'avec le Concile de Trente que ce texte a été reconnu comme canonique. C'est un texte scandaleux. Car Jésus va à l'encontre d'une loi de l'Écriture, en favorisant la personne.

Pour les scribes, la femme n'est pas une personne, mais une chose. On s'en sert, on la place où l'on veut. 

Cette femme n'a pas de nom : elle représente toutes les femmes soumises au pouvoir des hommes; elle représente toutes les personnes soumises au pouvoir des institutions, incluant les institutions religieuses.

Les fanatiques veulent sauver Dieu en tuant l'homme. C'est la tragédie du fondamentalisme religieux.

Mais dans le mystère de l'incarnation, Dieu nous apprend qu'il est du côté de l'homme. Il n'y a pas de conflit entre les deux.

Le but des pharisiens, c'est d'accuser Jésus. Ils accusent la femme afin d'atteindre leur vrai but, accuser Jésus. Mais Jésus refuse de se laisser provoquer. Il introduit plutôt une pause de silence. C'est souvent la seule réponse à la violence. 

Il baisse la tête. Pense-t-il au jour où il sera dans la position de cette femme?

Il écrit, mais on ne peut lire ce qu'il écrit. Dieu écrit encore aujourd'hui dans la vie des humains, mais savons-nous y lire ce qu'il écrit?

Jésus ne s'indigne pas de la faiblesse humaine, jamais; mais il s'indigne de l'hypocrisie des puissants, de leur sclérose cardiaque, de leur coeur de pierre. Il rejette les comédiens de la foi et les accusateurs. Il démasque leur hypocrisie avec peu de mots, mais des mots si interpellants qu'ils ne peuvent répondre. Des mots qui s'appuient non sur la théologie, mais sur la vie. Il leur révèle que la personne humaine, même pécheresse, jouit toujours d'une dignité inviolable.

Le corps humain est le sacrement de la communion de toute la réalité qui entoure la personne et fait partie de sa vie. 

Le danger des hommes d'Église, c'est d'être des experts du code, mais analphabètes du coeur de Dieu.

Une fois partis les hommes, Jésus se tourne vers la femme et lui parle... il est le premier à le faire. "Femme", dit-il, et non "Pécheresse". C'est le nom qu'il donne à sa mère, Marie, aux noces de Cana!

L'équilibre entre la règle et la compassion ne se trouve qu'en se plongeant dans une histoire humaine concrète, non dans une théorie.

La grandeur d'une civilisation peut se mesurer à son attention pour les plus petits.

Un demi-arc ne peut rester debout. Mais en appuyant un demi-arc sur un autre, on obtient la forme architecturale la plus forte. Nous sommes tous des demis-arcs. Seuls, nous ne pouvons rien. Avec l'autre, nous pouvons soutenir le monde. Jésus offre à cette femme un amour sur lequel s'appuyer.

Jésus ne lui demande pas si elle regrette son péché. Le remords ne l'intéresse pas. Il ne met pas le passé de cette femme au coeur de sa préoccupation, il lui ouvre un avenir. Le pardon n'est pas d'abord l'effacement du passé, mais la création d'un avenir. 

Le repentir ne vient pas avant le pardon, c'est le pardon qui le fait surgir.

Le berger ne prend pas la brebis sur ses épaules parce qu'elle avait commencé à revenir, mais justement parce qu'elle est prise dans les ronces. L'amour de Dieu n'attend pas notre conversion, il provoque notre conversion.

Le doigt de Jésus ne menace pas, il écrit sur mon coeur ces mots : "Je t'aime."


Pour Dieu, le bien possible que je pourrais faire demain compte plus que le mal que j'ai commis hier!

Ici, une photo des évêques du Québec célébrant l'Eucharistie ce matin.



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