Il y a deux ans, dans la foulée de la crise des abus sexuels commis sur des mineurs par des prêtres, cette commission a été créée par le Pape François pour l'aviser sur les pistes à suivre dans la promotion de la sécurité des mineurs dans l'Église. Présidée par le cardinal O'Malley, archevêque de Boston, elle est desservie par un secrétaire à temps plein, l'abbé Robert Oliver, que nous avons rencontré avec un consultant, le père Stephen Rossetti, tous deux américains.
Dans un premier temps, nous avons présenté notre réalité québécoise et de nos efforts pour mieux gérer les allégations tout en protégeant les personnes vulnérables et en favorisant un climat de confiance dans la vigilance.
L'abbé Oliver nous a expliqué que la commission ne gère aucun cas particulier - cela relève de la Congrégation de la doctrine de la Foi. Elle travaille plutôt de façon pro-active pour aider les diocèses à rendre toutes les institutions catholiques sécuritaires pour les enfants. Cette sécurité doit être promue et assurée dans l'ensemble de nos institutions et de nos programmes. Pour ce faire, il faut développer des politiques précises et bien connues, et elles doivent être suivies. Nous étions intéressés par l'histoire américaine à cet égard, très instructive pour tous les épiscopats.
Nous avons beaucoup discuté du soin pastoral des victimes, question distincte du processus canonique encadrant le malfaiteur. Les avocats des compagnies d'assurance qui nous représentent militent souvent contre tout contact avec les victimes, mais nous savons que dans beaucoup de cas, c'est le contact entre une victime et un évêque ouvert, à l'écoute et empathique qui peut faire toute la différence pour sa guérison.
Nous avons aussi échangé au sujet des divers programmes de filtrage qui sont mis en place à travers le monde : filtrage des candidats à la prêtrise, filtrage des employés de l'Église, filtrage des bénévoles. Nous savons que cela occasionne des résistances, mais c'est essentiel. Trop d'organismes qui travaillent avec des personnes vulnérables l'ont appris, et l'Église ne peut pas traîner de la patte à cet égard.
Nous avons discuté en profondeur de la question de la formation des candidats à la prêtrise. La mise en place de bonnes évaluations psychologiques et un regard plus critique sur le comportement des candidats durant ses années au séminaire et son stage pastoral permettent aujourd'hui de s'assurer qu'aucun candidat problématique ne soit ordonné. Récemment, on se rend compte de l'importance de l'accompagnement des jeunes prêtres durant leurs premières années de ministère. Le mentorat fait ses preuves, de même que les groupes d'appui.
Le célibat est-il la cause de la pédophilie? La recherche indique que non. D'une part, la grande majorité des actes pédophiles sont commis par des gens mariés ou en couple. Par ailleurs, l'orientation pédophilique est établie bien avant que le prêtre se présente au séminaire. L'important c'est de déterminer si le candidat est apte à vivre son célibat d'une façon bien intégrée et mature.
Dans le fond, la question est plus large. Comment l'évêque peut-il accompagner ses prêtres afin d'assurer la santé spirituelle-psychologique-physique de ses prêtres? On a souligné l'importance des groupes de soutien, des sessions avec tous les prêtres, d'un service d'accompagnement spirituel, de l'accès aux soins psychologiques.
Un évêque émet une proposition concrète : une session de formation d'une semaine à Rome pour tous les évêques intéressés et leurs délégués, annoncée bien d'avance, qui dépasserait les seules questions canoniques. Nous nous rendons compte que deux heures avec ces spécialistes, c'est bien peu. En même temps, nous avons beaucoup appris d'eux. Nous les avons applaudi chaleureusement pour le travail qu'ils accomplissent.
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