Jeudi 4 mai, en fin d'après-midi, nous avons participé à une rencontre inusitée avec le pape François et quelques représentants des Congrégations les plus importantes de la curie romaine. Cette rencontre s'inscrit dans une série d'initiatives entreprise par le pape pour renouveler les liens entre les évêques diocésains, responsables de l'Église dans leurs milieux respectifs, et ses proches collaborateurs.
Lors de mes deux premières visites "ad limina" (1999 et 2006), j'avais eu l'occasion -- comme tous les évêques -- de rencontrer individuellement le pape en fonction pour une quinzaine de minutes. En complément de ces rencontres individuelles, tous les évêques du groupe participaient à une session formelle où l'on échangeait des discours élaborés au préalable.
Le pape François a préféré remplacer ces rencontres individuelles par une session de travail avec tous les évêques d'une région, session de deux heures marquée par l'échange libre sur des thèmes d'intérêt vital tant pour le pape que pour les évêques diocésains. De nombreux évêques ont déjà manifesté leur grande satisfaction face à ce changement.
Dans un désir de pousser plus loin l'innovation, le pape François avait convoqué une première rencontre au mois de février entre un groupe d'évêques du Chili, quelques responsables de Congrégations romaines et lui-même. Il voulait ainsi traiter avec ces évêques de thèmes transversaux qui recoupent les champs de compétence de ces diverses Congrégations. Cette première expérience s'étant avérée positive, le pape a décidé de refaire l'expérience avec un second groupe d'évêques, en l'occurrence ceux du Québec. L'invitation de participer à cette initiative nous avait été transmise la semaine dernière par le Cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation des évêques, à qui le pape avait confié l'organisation de la rencontre. Depuis la réception de l'invitation, nous nous sommes préparés à la rencontre en échangeant entre nous sur les thèmes que nous espérions y aborder.
La rencontre elle-même, qui a duré trois heures, s'est déroulée en trois temps. Après un moment de prière, Mgr Paul Lortie, évêque de Mont-Laurier et président de l'AECQ, Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal et le cardinal Gérald Lacroix, archevêque de Québec, ont brossé un tableau général de l'activité des évêques au Québec dans le contexte actuel caractérisé par la sécularisation et le pluralisme.
Dans un deuxième temps, les divers évêques du Québec ont partagé leur expérience personnelle en nommant leurs défis et leurs espoirs. Les représentants des Congrégations romaines étaient invités à tour de rôle à présenter leurs propres observations, en fonction de leur champ de compétence. Moi, j'ai parlé de l'importance que revêt pour moi sa lettre "La joie de l'Évangile", et comment elle oriente mon ministère épiscopal et m'invite là favoriser l'éclosion d'une Église toujours plus ouverte et engagée.
Dans un troisième temps, le Pape François pris la parole pour nous inviter à écouter la voix de l'Esprit-Saint qui parle encore aujourd'hui comme il a parlé à l'apôtre Philippe au début de l'Église. En faisant référence au chapitre 8 des Actes des apôtres dont un extrait figurait à la liturgie du jour, il a rappelé comment l'Esprit avait invité Philippe à se lever pour avancer et à aller rejoindre un promeneur solitaire afin de lui porter la joie de l'Évangile. De même, a dit le pape, il faut que nous n'ayons pas peur de nous lever et d'avancer, sans que le chemin soit toujours clair; d'aller à la rencontre de l'autre non pas d'abord pour lui parler mais pour l'écouter; et de semer la joie partout où nous passons. Il nous a aussi rappelé cet autre passage du sixième chapitre des Actes des apôtres où ces derniers délèguent des gens pour s'occuper de l'administration de la communauté afin qu'ils puissent se consacrer à la prière et au ministère de la Parole. Ainsi, le pape a-t-il souligné, nous devrions placer la prière et la prédication de l'Évangile au coeur de notre ministère quotidien et leur accorder la priorité. Enfin, le pape nous a invité à nous faire proches de nos prêtres et, sans regretter le passé, à nous tourner résolument vers l'avenir avec courage et détermination. Il nous a donné congé en nous rappelant qu'ils nous reverrait tous jeudi prochain, tel que prévu, pour la rencontre de groupe ordinaire.
Je suis profondément touché par l'honneur qui nous a été fait de pouvoir participer à ce projet pilote et de contribuer au renouvellement de la formule traditionnelle de la visite "ad limina". Le pape François nous a accordé un insigne privilège et j'en suis reconnaissant. Comme mes collègues de l'AECQ, je me sens écouté, compris et confirmé dans mon ministère d'évêque. Quelle grâce!
Merci pour les nouvelles! Bonne fin de séjour!
RépondreEffacerÇa a du être un moment vraiment très intense. Profites bien de cette chance
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