Les évêques du Québec jouissent d'une longue fin de semaine en Italie. En effet, le 1er mai est congé national ici, l'équivalent de notre fête du travail. Presque tous les bureaux et magasins sont fermés aujourd'hui, la circulation est ultra-légère (fait rare à Rome!).
Depuis notre retour de retraite vendredi soir, nous en avons profité pour faire notre lavage et notre repassage, pour aller prendre de longues marches (voir la photo ci-dessous) et pour flâner dans les nombreuses librairies religieuses qu'on retrouve près du Vatican.
Certains ont fait une excursion à Assise samedi pour se recueillir auprès du tombeau de Saint François. D'autres ont fait une tournée des fouilles archéologiques sous la basilique St-Pierre et se sont approchés de ce que de nombreux spécialistes croient être le tombeau même du premier pape. Moi, je me suis rendu à un concert de musique symphonique samedi soir (ce que je n'ai pas souvent la chance de faire). Pour les mélomanes, le programme comprenait le premier concerto de piano de Tchaikovsky, ainsi que les poèmes symphoniques de Respighi, Les fontaines de Rome et Les pins de Rome. Et hier soir, je suis allé me promener du côté de l'Église St-Antoine-des-Portugais pour entendre le titulaire des grandes orgues présenter le premier concert dans une série qui, au fil des prochains mois, parcourra l'ensemble de l'oeuvre de Messiaen.
Jésus invitait ainsi ses apôtres à "venir à l'écart pour se reposer." J'ai senti que je répondais à son invitation durant les derniers jours. Par ailleurs, comme les autres évêques, e continue à répondre aux courriels du bureau, à préparer les conférences que je dois donner, à lire et à étudier divers documents. J'ai aussi ouvert le livre sur l'évangélisation que je me suis procuré à la librairie samedi.
Ce qu'il y a de beau dans tout cela, c'est le temps que ça nous donne de construire entre nous de belles amitiés. Car nous nous retrouvons souvent : pour la messe quotidienne, pour les repas, pour une marche dans la ville, pour un café, pour un temps d'échange... La théologie veut que l'ordination à l'épiscopat soit aussi l'entrée dans le "collège épiscopal", le corps ministériel que forment ensemble les évêques. La "collégialité" est une concept difficile à définir mais elle implique une certaine fraternité dans la mission, une union des coeurs dans le service d'Église, une collaboration sérieuse dans les projets et une solidarité réelle face aux défis et aux problèmes. C'est beau en théorie... mais pour que ça soit vrai, il faut se donner du temps pour s'écouter, partager son vécu, ouvrir son coeur. Une des grâces de nos jours ensemble à Rome, c'est de nous permettre de faire l'expérience d'une collégialité non seulement théorique mais réelle. Ça, c'est un vrai cadeau du Seigneur.
Je viens d'en vivre un fruit. Nous sortons d'une réunion de deux heures où nous avons partagé nos espoirs et nos attentes, nos convictions et nos propositions pour les dix jours de rencontre qui commenceront demain. J'ai été touché par la qualité de l'écoute mutuelle, le respect, la franchise et la créativité qui ont marqué cette réunion. C'est certainement le fruit de notre retraite de la semaine dernière et de ces quelques jours de liberté auxquels nous avons goûté ensemble.
Demain commence le travail. Mais avant d'aller rencontrer la Congrégation pour le clergé et la Secrétairerie pour les communications, nous irons célébrer la messe près du tombeau de St-Pierre dans la basilique qui porte son nom. Il est bon de commencer ainsi nos rencontres, en faisant mémoire de cet apôtre, premier chef de l'Église à qui le Seigneur a confié un ministère si important malgré toutes ses imperfections. Nous aussi, nous sommes marqués par nos lacunes et nos faiblesse. Mais si le Seigneur a su se servir de Pierre pour faire son oeuvre, il saura aussi se servir de nos propres pauvretés. C'est du moins la prière que je ferai au pied du tombeau du premier évêque de Rome demain matin.
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