Quoique la majorité de l'énergie dépensée durant la visite "ad limina" est consacrée à la préparation des rencontres avec les dicastères romains, les rencontres mêmes et le suivi à leur assurer, le coeur de cette visite demeure les moments de prière auprès des tombeaux des saints Pierre et Paul. Car cette visite est d'abord un pèlerinage aux sources historiques et géographiques de notre Église.
Il était donc tout à fait indiqué de commencer nos visites hier en nous rendant célébrer la messe près du tombeau de saint Pierre dans la crypte de la basilique qui porte son nom. Mgr Luc Cyr, archevêque de Sherbrooke et vice-président de l'AÉCQ, a présidé notre célébration. Dans l'impressionnante crypte de la basilique, de nombreux autels ont été érigés dans autant d'alcôves, permettant à plusieurs groupes d'y célébrer l'eucharistie simultanément. Comme c'est impressionnant d'entendre l'écho d'hymnes chantées en diverses langues alors que nous sommes tournés vers la tombe de saint Pierre, visible à travers une ouverture vitrée située devant l'autel réservé aux évêques en visite "ad limina". Nous y faisons l'expérience concrète de la catholicité de l'Église, son universalité, son unité dans la diversité des cultures et des époques.
Par après, nous nous sommes rendus à la Congrégation pour le clergé y rencontrer le cardinal Beniamino Stella et son équipe. Comme l'indique son titre, cette congrégation est responsable du clergé diocésain dans le monde (prêtres et diacres) ainsi que de leur formation. Nous avons passé 90 minutes en compagnie du cardinal qui nous a chaleureusement accueilli. Tout au long de la rencontre, nous sentions de sa part un réel intérêt pour notre situation et pour les défis qui sont nôtres: manque de relève pour le ministère presbytéral, vieillissement et surmenage des prêtres en fonction, intégration des prêtres venus d'ailleurs pour nous porter main forte, tragédie des abus sexuels commis par des prêtres, renouvellement de la formation des prêtres, spécificité du ministère des diacres. Il nous a invité à faire preuve de créativité et d'audace, à chercher ensemble des pistes nouvelles, à lui faire connaître les expériences qui s'avèrent fructueuses et porteuses d'espérance.
Cette première m'a rappelé que la visite "ad limina" ne permet pas de régler les problèmes, mais de partager nos préoccupations, d'apprendre ce qui se passe ailleurs dans le monde, d'expliquer notre réalités concrète et de faire connaître nos initiatives et nos espoirs. Je sors de cette rencontre avec le sentiment d'avoir été entendu et compris. Je suis encouragé par l'ouverture manifestée par la Congrégation et par son encouragement à faire preuve de créativité. Je me sens appuyé dans mon ministère d'évêque, ce qui compte beaucoup pour moi. En somme, une rencontre fructueuse et encourageante.
La deuxième rencontre de la journée était consacrée au Secrétariat pour la communication. Il faut savoir qu'au Vatican, il existe présentement neuf institutions consacrées aux communications : Le Conseil pontifical pour les communications sociales, le journal Osservatore Romano, le Centre de télévision du Vatican, Radio-Vatican, la Salle de presse du Saint-Siège, le service photographique, la Librairie éditrice vaticane, la Typographie vaticane et le Bureau Internet du Vatican. Traditionnellement, chacune de ces institutions travaillait indépendamment des autres et développait son propres réseau de participation, sa propre page Web, sa propre politique éditoriale, etc.
Le pape François a été élu avec un mandat clair de réorganiser la Curie romaine afin qu'elle fonctionne de façon plus efficace et coordonnée. Évidemment, tout ce secteur des communications exigeait une refonte radicale. C'est ce qu'a fait le pape en créant ce nouveau Secrétariat pour la communication. Son préfet, Mgr Dario Viganò, un prêtre de Milan, nous a expliqué son mandat de réunir ces neuf institutions en une seule organisation intégrée. Le but est de préservé les nombreux acquis de ces institutions, tout en coordonnant les efforts en vue d'une meilleure stratégie communicative mondiale.
Par ailleurs, le secrétaire du dicastère, Mgr Lucia Adrian Luiz, nous a rappelé qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de stratégie ou de technologie. De fait, les communications sociales modernes entraînent des mutations profondes au niveau même de la réflexion humaine. En autres mots, les gens ne pensent plus de la même façon! S'adapter à cette transformation communicative n'exige pas seulement savoir comment se servir d'un téléphone mobile, Mais savoir comment parler à quelqu'un dont les informations viennent surtout d'images, de bribes de phrases et de vidéos-chocs. L'homo sapiens fait place à l'homo mediaticus. Voilà le vrai défi pour nous, qui sommes au service d'une Parole qui se dit Bonne nouvelle!
Cette session m'a permis de mieux saisir l'ampleur de la tâche que s'est fixée notre pape François en travaillant à la réorganisation de la Curie romaine. Je suis heureux d'apprendre que la motivation de cette réorganisation n'est pas seulement administrative et technologique, mais profondément théologique. Il s'agit, en effet, de mieux adapter les offices du Vatican à la mission de l'Église au coeur du monde pour faire connaître Jésus-Christ et faire avancer son royaume de justice, de paix et de joie. Je suis aller donner ma main à Mgr Viganò à la fin de notre rencontre pour lui souhaiter courage dans cette entreprise importante que lui a confiée le pape François.
Notre visite "ad limina" est finalement lancée. Et après cette première journée, je peux affirmer qu'elle est bien lancée!
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