lundi 13 octobre 2014

Synode - Jour 6

Ceux et celles qui suivent mon blogue assidûment (il y en a trois ou quatre, je crois) verront que j'ai sauté le jour 5 du Synode. Non parce que ce n'était pas intéressant. Ce que j'ai attrappé une bon rhume d'homme (qui, comme tout le monde le sait, est tellement plus pénible qu'un rhume de femme). Alors, pauvre de moi, je tousse, j'éternue, je me mouche, j'ai mal à la gorge... et tout ça dans une chaleur et une humidité dont se plaignent même les Romains. En effet, ce mois d'octobre ressemble aux chaleurs les plus pénibles du mois de juillet à Gatineau. Alors, je n'avais pas trop d'énergie pour me mettre à ramasser mes idées pour mon blogue... d'autant plus que je devais travailler un peu sur le message du Synode. En effet, j'ai été élu membre du comité qui doit préparer un message pour les familles du monde au nom des évêques rassemblés ces jours-ci à Rome. Nous sommes habillement dirigés par le Cardinal Gianfranco Ravasi, homme de grande culture, bibliste, écrivain de longue date. Avec lui, le travail est facile. Nous avons passé du temps vendredi et encore aujourd'hui à peaufiner ce texte qui sera publié le dernier jour du Synode. Je crois qu'il sera beau.

Entretemps, nous avons fini les interminables discours de 4 minutes des évêques du monde (il y en a eu presque 200!). Je dois admettre qu'après avoir vécu ce procédé deux fois (la première fois lors du Synode sur l'Eucharistie en 2005), je voudrais que le revoit sérieusement. Il y a certainement d'autres procédures plus efficaces, intéressantes et fructueuses à étudier. J'espère qu'on fera une bonne évaluation de ce processus après ce Synode.

Ce matin, on nous a présenté la «relatio post-disceptationem», c'est-à-dire, le résumé de nos discussions de la semaine dernière. J'admire le Cardinal Erdo et son équipe: ils ont réussi en deux jours à préparer une synthèse qui se tient, dans un langage ouvert et engageant. Mais un problème sérieux se présente: ce texte n'est qu'un instrument de travail qui sert à faire le point et à cerner les questions dont il nous faut maintenant débattre. Malheureusement (d'après moi) on l'a rendu publique, et les médias y voient la position du Synode, alors qu'il s'agit d'un échantillon des options qui ont été présentées jusqu'à ce jour. Maintenant, il nous faut trouver un langage commun, une vision qui saura rallier la grande partie des évêques. Il s'agit d'un travail d'écoute mutuelle où chacun ajuste ses positions en fonction de la sagesse qu'il entend chez les autres. Je crois que le texte final sera assez différent -- au moins sur certains points -- de la «relatio» qu'on nous a présenté aujourd'hui. Et on risque de voir tout un jeu médiatique pénible dans les jours qui suivront. Je dois dire que je commence mieux à comprendre ce qui s'est vécu lors des sessions au Concile Vatican II il y a cinquante ans!

Je finis sur un ton positif. Ce soir, je suis allé écouter un 'concert spirituel' organisé par mon amil, le Père Pierre Paul, directeur de musique à la Basilique Saint-Pierre. Ce concert était construit autour de quelques pièces de Bach et de Handel, entrecoupées de textes nous présentant l'itinéraire spirituel du Pape Paul VI, dont nous célébrerons la canonisation ce dimanche pour conclure le Synode. Ce concert a été un beau moment de prière pour moi, un temps de ressourcement qui m'a fait découvrir la grandeur d'âme de ce grand Pape trop peu apprécié dans le monde. En cette fête canadienne de l'action de grâces, je dis merci à Dieu pour la musique, signe indéniable pour moi de l'existence de l'âme et de la transcendance de l'être humain. Bon soir à tous!

7 commentaires:

  1. Bonjour ou bonsoir Mgr, merci de nous partager vos impressions. Cela nous donne l'impression d'être à côté.

    Vous écrivez vers la fin du texte:
    «Et on risque de voir tout un jeu médiatique pénible dans les jours qui suivront. Je dois dire que je commence mieux à comprendre ce qui s'est vécu lors des sessions au Concile Vatican II il y a cinquante ans!»

    J'aimerais - si vous trouvez le temps - que vous éclairiez ce que vous voulez dire sur cette question médiatique qui, vous vous en douterez, m'intéresse au plus haut point.

    Au plaisir,

    Mario Bard

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. The relatio document is really quite interesting. I would be curious to hear sometime you ideas too about how, as you say, the procedures of the synod could be made more effective (I sometimes feel the same about D&P!) I do hope you feel better soon!

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  4. I would like to let you know, that there are much more people (than 3) who are spread over the world and read your daily blogs. For me it is very important and interesting to get information about what’s going on at the Synod. Via internet it is possible to get information very quickly, I am very thankful for that. I read the “relatio” yesterday (also without media) and I am very curious how the process in the Synod will continue. I agree with Anne McIntyre that the language still needs to be approved and I think it was very clever to decide meetings one more week in order to discuss the relatio.
    For me, it is just a feeble argument: “…crisis of faith has led to a crisis in matrimony” – there are so many families with a strong faith which also have problems and get separated.
    “…we should go back to the message of the Encyclical Humanae Vitae…” I would appreciate so much, when there could be an appendix that the God’s people should be encouraged to search theirs conscience in order to make the own, right decision. I am personally very happy about the natural methods but there always must be the OWN decision of the people. The Church doesn’t decide for us what we should eat or how we are allowed to treat our gardens in order to support the ecology of the world. And we people try to do our best – as a Church we can serene rely on the acting of the Holy Spirit.
    But I was very happy to read: “…it is the task of the Church to recognize those seeds of the Word that have spread beyond its visible and sacramental boundaries.” And the most important was for me the removing of “our sandals before the sacred ground of the other”(as Pope Francis wrote in EG).
    Thank you very much for your daily summaries. I am curious how the proceeding will go on. :-)
    I also wish you that you are healthy soon.

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  5. D'accord avec Veronika qu'il y a sans doute plus de lecteurs que vous croyez. Et oui, MERCI beaucoup de nous offrir ce regard et ces réflexions de l'intérieur de l'expérience synodale.

    J'ai lu au complet la Relatio, en plus de certains commentaires (très positifs) de médias (National Catholic Reporter). Et j'avoue que je ne comprends pas votre réserve à cet égard: si la Relatio est bien une sorte de "synthèse" des travaux de la première semaine, alors les médias ont indiscutablement raison d'y voir un "changement de ton et de vocabulaire" dans l'approche proposée face à de nombreuses questions importantes et épineuses (toutes les situations dites "irrégulières" --et elles sont fort nombreuses-- de la famille, homosexualité, etc.). Et je vois mal, si la Relatio reflète bien les débats de la première semaine, comment le travail en "petits groupes linguistiques" de la deuxième semaine pourrait constituer un retour en arrière, modifier l'approche "inductive" qui prévaut très nettement dans la Relatio, atténuer l'approche positive qu'on sent dans la Relation ("semina Verbi", les dons positifs que peuvent apporter même les personnes en situations irrégulières, etc.) et qui rappellent l'ouverture si bienfaisante manifestée par Vatican II, ou réduire l'emphase mise partout sur l'accueil et la miséricorde...

    C'est pourquoi, contrairement à vous (mais en tout respect pour votre propre évaluation), je me réjouis que la Relatio ait été rendue publique et je ne crains pas vraiment, avec l'aide de l'Esprit, que les réactions de "surprise agréablement positive" qui ont accueilli la Relatio (c'est certainement mon cas :-) soient déçues par le résultat de la deuxième semaine d'échanges et de discussions.

    Et la proposition (paragraphe 58) que les travaux du Synode 2014 (pour l'instant synthétisés dans la Relatio) fassent l'objet d'un discernement et d'un dialogue dans toutes les Églises locales (Sensus Fidei) pendant une année complète jusqu'au prochain Synode ordinaire me semble une innovation particulièrement prometteuse et féconde.

    MERCI encore et prompt rétablissement (afin que vous puissiez participer pleinement à cette seconde semaine).

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  6. Sur la médiatisation des médias; il existe aux Éditions Salvator un livre appelé Le journal du Concile. C'est le résumé des articles écrits par le premier chroniqueur du journal Le Monde Henri Fesquet. Excellent pour retracer pas à pas le Concile.

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  7. Bravo pour ce blogue que l'on vient de me faire découvrir.

    Un commentaire m'a toutefois fait sursauter. M. Desrochers trouve malheureux que le document de mi-sessin ait été rendu public.. "On risque, précise-t-il, de voir tout un jeu médiatique pénible dans les jours qui suivront.".

    D'abord au plan de principes, faut-il rappeler que l'Église, c'est le peuple de Dieu. Les évêques n'en constituent qu'une partie, importante évidemment, mais une partie tout de même. Aussi, le huis-clos dans lequel se déroule officiellement ce synode contredit ce principe. J'ajouterais, comme on l'a dit dans l’Antiquité chrétienne: "Quod omnes tangit ab omnibus tractari debet". "Ce qui concerne tout le monde, doit être traité par tous"(Congar, 1958).

    Au plan pratique, une Église qui se renferme dans le huis-clos est semblable à celui qui met la lumière sous le boisseau. Elle sombre dans l’insignifiance.

    L’Église est une, sainte, apostolique et...publique!

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